Sublime

Il compose donc son livre. Son sort en dépend. Il l’affirme en croyant qu’une telle confession spirituelle, revisitant le passé, lui permettra d’entrer désormais dans une nouvelle vie, lucide et désabusée. Pourtant, il ne songe pas encore à quitter la littérature. Les grands poètes lui ont donné un modèle. Il se sait précédé par eux sur le chemin

Érasme n'a pas été d'emblée le grand écrivain que nous connaissons. Un homme de cette sorte a besoin de vieillir pour pouvoir exercer son influence sur le monde. Un Pascal, un Spinoza, un Nietzsche peuvent mourir jeunes, leur génie synthétique se complaît dans les formes étroites et limitées de la pensée. Au contraire, le génie analytique et

écrit de plus en plus, multipliant les ajouts dans les vastes marges de son propre exemplaire des Essais. Il a inventé le livre infini, en tout cas inachevable (« Qui ne voit que j’ai pris une route par laquelle, sans cesse et sans travail, j’irai autant qu’il y aura d’encre et de papier au monde ? », III, 9, 945), que seule la mort pourra

On entrevoit ainsi que c'est grâce à une chance inespérée que nous connaissons les Pensées de l'empereur Marc Aurèle. Mais il faut bien admettre que, pour un certain nombre – heureusement pas très élevé – de passages, le texte que nous possédons maintenant ne se présente pas dans un état très satisfaisant et qu'il est difficile d'en améliorer la

Se retournant alors sur cette époque, il évoqua une année où il rêvait d’une « philosophie qui ne fût pas une contemplation, mais une sagesse, un héroïsme, une sainteté ». Il la compara à la Grèce antique, après la mort d’Alexandre le Grand, quand les Athéniens se détournèrent des raisonnements posés de la science aristotélicienne au profit des

Non. Montaigne se peint en sachant qu’il peint tout homme. En se racontant, c’est l’homme qu’il expose tout entier. Ce qu’il est, les autres le sont. Non pas que leurs vies coïncident avec la sienne, mais ce qui fait l’humanité d’un homme, c’est ce qui fait l’humanité de tous les hommes. L’homme Michel de Montaigne c’est l’homme avant lui et

La vie est à prendre ou à laisser, et Montaigne a décidé de la prendre toute. Quoi de plus vain que de la désirer autre qu’elle n’est (plus longue, plus facile, plus juste) ? C’est pourtant ce que nous faisons presque tous, non seulement pour la part qui dépend de nous (changeons-la, plutôt que d’espérer qu’elle change toute seule !) mais aussi, et

L’exigence du bonheur et sa recherche patiente. Il n’y a pas de nécessité à exiler une mélancolie, mais il y en a une à détruire en nous ce goût du difficile et du fatal. Être heureux avec ses amis, en accord avec le monde, et gagner son bonheur en suivant une voie qui pourtant mène à la mort.

Em outras palavras, a equação “mortalidade + consciência de ser mortal” é um coquetel que carrega em germe a fonte de todas as interrogações filosóficas.