Exercices Spirituels. Leçons de la philosophie antique (French Edition)

C’est au contraire parce qu’ils sont si difficiles que les Anciens cherchent à être entendus par le plus grand nombre. Si le désir d’accès à la sagesse, d’un mieux-vivre est partagé très largement, les voies complexes qui y mènent découragent la très grande majorité.

Tous ces exercices spirituels constituent un ensemble de techniques, que l’on met en œuvre seul ou accompagné par un maître. Car l’exercice spirituel a ceci de singulier qu’il est une démarche très individuelle mais qui nécessite dans le même temps la confrontation aux autres, que ce soit un maître, une communauté.

Plus qu’un engagement permettant d’accéder à un mieux-être, la conversion est le passage d’un état à un autre. Un état duquel on ne revient pas. C’est en quoi l’exercice spirituel a quelque chose d’élitiste, car, disponible pour tous, seul un petit nombre y accède réellement. Leur apparente simplicité cache en réalité la nécessité d’une volonté hor

Pour désigner ses adeptes, il forge l’expression « artistes de la raison » 52. C’est que pour Kant il y a deux représentations possibles de la philosophie 53 : la philosophie scolaire, d’une part, qui n’est que pure spéculation et ne vise qu’à être systématique, qu’à la perfection logique de la connaissance ; la philosophie du « monde » de l’autre,

ce qui peut valoir ce qualificatif de sceptique à Montaigne est le titre de son ouvrage lui-même, Les Essais 58. La méthode de l’essai, essayer, c’est tenter, c’est tester. Cela s’oppose à l’examen ou à l’analyse. Il y a du doute dans l’essai, il y a de la tentative qui va être bonne et convaincante ou pas… Cette mise en place d’essais permanents ‒

à l’instar des maîtres antiques, le moraliste joue un rôle de guide, il montre au lecteur une voie, une méthode du même ordre que la démarche socratique concevant la philosophie pas tant comme une leçon de savoir que comme un cheminement de la pensée. La Bruyère est dans cette optique. Marine Ricord montre clairement que dans

Lire le voyage de Montaigne comme un exercice spirituel intéressera Emerson ‒ qui admirait beaucoup Montaigne 19. Notons que le philosophe américain explique qu’il « est certain que pour un homme de raison voyager offre des avantages. Plus il a de langues, d’amis, de connaissances et de compétences, plus il se renforce en tant qu’homme. Un pays étr

le doute cartésien n’est pas celui des sceptiques, pour qui il est une conclusion, une finalité. Les sceptiques de l’école pyrrhonienne prennent le parti de ne pas trancher, de ne pas décider, de douter en permanence, ce qui n’est pas le cas de Descartes, dont le doute est un moyen pour fonder la vérité. Pour ce dernier, le doute n’est pas une fin,

Cherchant à être cohérent avec sa condamnation de la société contemporaine dépravée, Rousseau ‒ à l’instar de Thoreau ‒ quittera la société civile quelques mois même après avoir reçu un prix de l’académie de Dijon. Il prend alors la décision de mettre en accord sa pensée, ses écrits avec son style de vie, c’est ce qu’il appellera « ma réforme 58