Notre vagabonde liberté: À cheval sur les traces de Montaigne (French Edition)

Sur les chemins, j’ai tous les jours ma dose d’empêchement et de résistance, et la satisfaction d’en triompher. Ne poursuivant d’autre objectif que de parvenir sain et sauf à l’étape, et confronté à la nécessité absolue de tempérer mes attentes comme mes frustrations, j’accepte sereinement les hasards quotidiens. Pouvoir toute chose sur soi, c’est

Depuis plus d’une dizaine d’années, je fais des recherches, des voyages et des livres pour comprendre, approfondir et rénover une philosophie politique : le libéralisme. Négligé et caricaturé dans le débat public, confondu avec le néolibéralisme, réduit à son versant économique, revendiqué par des hommes d’argent qui ne lui font pas honneur, le lib

À l’inverse, ne pas sauter devient un choix. Je ne marche pas tranquillement sur un chemin surélevé : je décide à chaque pas de continuer à exister. Il y aurait donc une portée métaphysique au vertige, une matérialisation du néant qui nous guette toujours, et une reconnaissance du désir vital qui nous maintient dans le monde.

Sartre décrit le vertige comme un appel des possibles, quand la conscience réalise que tous les futurs lui sont offerts, y compris la mort, si proche, si aisée. Un simple saut, ici et maintenant, et mon destin s’arrête, conférant à mon existence une forme de complétude.

Au contact des néoruraux, je prends conscience de l’incidence que cette révolution dans le rapport au travail aurait sur l’aménagement du territoire, en donnant à tous ceux qui hésitent à franchir le pas une sécurité financière minimale. Cinq cents euros par personne et par mois, ce n’est pas la fortune, mais largement de quoi s’alimenter, se chauf

Pourquoi se complaire dans l’infinité des choix à laquelle nous a habitués la société de consommation ? Ne vaut-il pas mieux s’appliquer à tracer son sillon ? En amour comme dans un rayon de supermarché, la liberté n’est-elle pas un leurre, une tentation superficielle ? Montaigne n’en disconviendrait pas, lui qui a toujours tenu à distinguer l’amou

D’abord, j’ai rencontré Montaigne. Je médite sa définition de la liberté, inspirée des stoïciens : « pouvoir toute chose sur soi », à l’opposé de l’injonction moderne à « élargir le champ des possibles ». Il s’agit donc de restreindre ses désirs plutôt que de multiplier les occasions de les satisfaire. La liberté chez Montaigne ne se confond pas av

Il s’appelle Richard. Il était monteur dans le cinéma avant de prendre sa retraite ici, « au calme ». Il fait partie de ces autodidactes discrets qui lisent tout, s’intéressent à chaque nouvelle idée, se cultivent et s’interrogent continuellement, sans autre objectif que le plaisir de la connaissance et l’amélioration du genre humain.

J’ai appris, mais j’ai surtout désappris, ce qui est bien plus difficile. Il m’a fallu remettre en question des enseignements, des habitudes, des comportements dont je découvrais avec surprise, à mesure que je les ôtais comme de vieilles hardes, combien ils me collaient à la peau. C’est le sens du conseil de Montaigne, dont je lisais avec applicati