Sublime

Certes, Michel Houellebecq est un romancier. Pas un pamphlétaire. Mais au fond, n’est-ce pas lui qui, derrière ses personnages, avance masqué ? Difficile de mesurer la part de réel ou de fiction qu’un écrivain instille dans son œuvre. Lui, en l’occurrence, bat des records, tant il se plaît à mêler l’un et l’autre avec une hargne adolescente.

Le personnage est si extravagant, si tordu, si indifférent à la terre entière qu’il méprise que, lorsqu’il en parle, Michel Houellebecq est secoué d’un rire sardonique. Il jubile comme s’il se reconnaissait dans ce dandy assumé. Que ce baron hors catégorie soit parvenu, en dépit de sa singularité, à s’attirer la compréhension de ceux qui l’entouren

Dans ce patchwork insurrectionnel, Michel Houellebecq analyse la manière dont le consumérisme à outrance anesthésie nos vies, les hommes en étant réduits à être des conditionnés du conditionnement, en quelque sorte.

Michel Houellebecq avait démarré par des considérations d’ordre philosophique, acides, aiguës, féroces, Maurice Nadeau propose une entrée en matière plus anecdotique, plus narrative. Celle que l’on peut lire aujourd’hui : « Vendredi soir, j’étais invité à une soirée. On était une bonne trentaine, rien que des cadres moyens âgés de vingt-cinq à quar

« Les pages qui vont suivre constituent un roman ; j’entends, une succession d’anecdotes dont je suis le héros, prévient Michel Houellebecq. Ce choix autobiographique n’en est pas réellement un : de toute façon, je n’ai pas d’autre issue. Si je n’écris pas ce que j’ai vu, je souffrirai autant – et peut-être un peu plus. Un peu seulement, j’y insist