Travailler moins ne suffit pas (French Edition)

Longtemps, salarié·es et syndicats ont accepté un travail répétitif ou étroitement contrôlé en contrepartie de hausses de salaires, échangé le pouvoir d’agir contre le pouvoir d’achat, le sens contre l’essence. Avant même la crise sanitaire, ce compromis – dit « fordiste » par les économistes de l’école de la régulation – était déjà épuisé, et ce p

En 1946, selon les statistiques, un salarié français de 20 ans devait s’attendre à passer au travail un tiers de sa vie éveillée ; en 1975, le temps salarié était réduit à un quart seulement, et aujourd’hui, nous en serions à moins d’un cinquième. A-t-on pour autant le sentiment d’être libéré du travail ? Moins que jamais probablement. « Pour les s

Une autre piste réformiste serait de mieux « partager » le travail. Deux voies se distinguent : soit un partage par une réduction du temps de travail individuel, pour garantir à chacun un emploi, soit un partage des fruits de la production entre capital et travail, par une hausse des salaires et une amélioration des conditions de travail.

Outre le fait qu’une forte réduction du temps de travail imposé est une condition nécessaire pour sortir d’une société travailliste de croissance, c’est, pour la période de transition, l’arme ultime pour assurer à tous un emploi satisfaisant.

« Le système économique produit des richesses croissantes avec une quantité de travail décroissante. Mais il refuse de redistribuer le travail de telle sorte que tout le monde puisse travailler moins et mieux, sans perte de revenu. Il préfère qu’une partie de la population travaille à plein temps, qu’une autre partie soit en chômage et qu’une trois