L'antipopulisme ou la nouvelle haine de la démocratie (French Edition)

Dans la glaciation politique des sciences sociales américaines des années 1950, Wright Mills apparaît en effet comme un franc-tireur, attaquant aussi bien les constructions théoriques pompeuses d’un Talcott Parsons que la division extrême des objets de recherche pratiquée par l’empirisme caractéristique du tournant béhavioriste. Il proclame son att

Tous les textes antipopulistes que nous venons d’examiner expliquent les mobilisations politiques et sociales des populistes par des facteurs psychologiques. Les définitions du populisme rappelées plus haut, qui reposent sur le « ressentiment » indifférencié des classes populaires ou provinciales envers l’ordre, le pouvoir et les classes qui l’occu

Lipset et Shils ne font que répéter ici la transformation de la signification de la démocratie proposée, avec un succès éclatant il faut l’admettre, par Joseph Schumpeter quelques années auparavant dans Capitalisme, socialisme et démocratie et qu’il résume ainsi : Les électeurs situés à l’extérieur du Parlement doivent respecter la division du trav

Annie Collovald a bien montré que, dans le cas français, cette opération n’a visé qu’à épargner au Front national et à son chef historique, Jean-Marie Le Pen, le qualificatif infamant de fascistes. En lui appliquant la dénomination de « populiste », il s’agissait d’en minimiser le danger – le populisme étant censé désigner des mouvements dont la du

Dans une démocratie, la participation à une décision doit être ouverte à toutes les personnes qui seront directement concernées par les effets de cette décision.

Or la bonne compréhension de la situation suppose au contraire d’identifier ces trois forces très différentes entre elles : le pouvoir en place et ses soutiens, les dénonciations de ce dernier par la droite radicale qui veut son renversement, et celles et ceux qui le critiquent tout en souhaitant poursuivre le mouvement de démocratisation de la soc

Montrer le caractère antidémocratique des discours antipopulistes ne fait pas automatiquement des mouvements dits populistes des défenseurs de la démocratie, loin de là.

Annie Collovald avance de son côté un argument très similaire : Les usages actuellement insistants du « populisme » […] révèlent une contestation, au sein même des élites intellectuelles et politiques, des modes de domination politique légitimes, de qui a droit à la parole et à l’action politiques, mais d’une manière qui l’occulte, sous la forme dé

Toutes ces dénonciations projettent en outre sur les mouvements ou les figures dites « populistes » un ensemble de caractéristiques qui, en réalité, appartiennent en propre aux régimes qu’ils sont supposés menacer. Les discours antipopulistes font donc très paradoxalement apparaître ce que l’on pourrait qualifier de populisme spéculaire, qui n’est