Cette négligence des critères de la recherche universitaire doit nous alerter. Ce n’est pas par mégarde que ces auteurs en viennent à saper les idéaux démocratiques. Cette production intellectuelle sans méthode signale à notre sens que le véritable objectif des diatribes antipopulistes n’est ni l’exactitude historique, ni une position de théorie

Lawrence Goodwyn décrit l’un de ces mouvements dans Democratic Promise, mais il existe d’autres moments dans l’histoire qui présentent des analogies avec le populisme nord-américain et qui rentrent de plein droit dans notre acception du populisme. Martin Breaugh en examine plusieurs dans L’Expérience plébéienne : les sans-culottes de la Révolution

Shils considère avec envie la société britannique dans laquelle la « déférence » existe encore à l’égard des puissants et des savants. Le populisme, au contraire, est « méfiant envers les personnes “trop éduquées”75 », « intolérant envers les traditions et les limites institutionnelles76 » et repose sur des « classes agressives et pleines de

Il n’en est pourtant rien.

L’opération essentielle conduite ici par les antipopulistes consiste à identifier la défense du peuple et de son pouvoir aux extrêmes du spectre politique – extrême droite et gauche démocratique confondues – et à délégitimer de ce fait tout programme de démocratisation.

Considérant le problème autrement, Nugent s’est intéressé à la couverture de l’affaire Dreyfus par la presse populiste du Kansas dans les années 1890, et a montré qu’elle était unanimement dreyfusarde95.

Pour Goodwyn, le vrai mouvement populiste se trouve dans les différentes Farmers’ Alliances des années 1870 et 1880, et dans l’immense réseau coopératif qu’elles ont mis en place. C’est la description de cette expérience authentiquement démocratique qui nous intéresse ici. Citons-en un passage très significatif : Fondamentalement, ce qui s’est

Ces deux objectifs ne peuvent être atteints sans une forme d’éducation politique. Ce travail se fait dans les différentes organisations populistes grâce à un réseau de conférenciers et de conférencières qui, inlassablement, vont expliquer les projets des Farmers’ Alliances dans les campagnes du Sud et de l’Ouest des États-Unis. Goodwyn y voit l’un

Edward Shils est encore plus explicite dans sa condamnation : Une société libre ne peut exister que lorsque l’esprit public est compensé par une pareille propension des hommes à s’occuper de leurs propres affaires. […] Aucune société ne peut soutenir l’intérêt ininterrompu de tous ses citoyens tout le temps pour les problèmes de la société dans son