Sublime

Avec les années, ses études scientifiques se font plus sérieuses. Il remplit des pages d’abrégés et de passages qu’il compte intégrer dans divers traités sur le vol, l’eau, l’anatomie, l’art, les chevaux, la mécanique ou la géologie. Presque tout y est, informations personnelles et révélations intimes exceptées.

Comme la plupart des travaux de Léonard, le traité restera inachevé. Il est bien plus intéressé par l’idée de découvrir les concepts que de les peaufiner pour les publier.

Léonard laisse ce tableau inachevé pour une autre raison, plus fondamentale encore : il préfère la conception à l’exécution. Âgé de 29 ans, il est à l’époque plus distrait par le futur que concentré sur le présent. Le zèle inhérent à son génie met en péril sa discipline.

Ses dessins lui servent de base d’expérimentation visuelle. En croquant les mécanismes dans ses carnets plutôt qu’en les construisant, il peut se figurer la manière dont ils fonctionneraient et déterminer s’ils atteindraient ou non le mouvement perpétuel.

Outre son instinct pour le repérage de similarités entre différents domaines, Léonard peaufine deux autres talents qui contribuent à son travail scientifique : une curiosité omnivore, presque fanatique, et un sens aigu de l’observation, d’une intensité rare.