Sublime

Agir selon la raison, c'est préférer l'intérêt commun, l'intérêt de l'humanité à son propre intérêt.

Dans un monde finalement dénué de sens, quelle différence cela ferait-il ? L’idée n’est pas nouvelle. Voilà longtemps qu’on se sert de la tragédie de la vie et de la souffrance qui l’accompagne pour justifier la recherche égoïste du plaisir immédiat.

Égoïsme ? Nullement. Comment serait-on heureux tout seul ? Il n’est qu’un seul devoir, disait bien Diderot, c’est « de se rendre heureux ». Mais il ajoutait : « L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre. » Tous ses amis pensaient de même.

Vivre le monde pour le penser mieux est mieux que le penser pour ne pas le vivre.

Comme on l’a vu, la sagesse spinoziste converge en bien des points avec la sagesse indienne, et je reste aussi étonné qu’admiratif qu’un homme seul, dans un contexte où il ne pouvait rien connaître de cette philosophie, ait pu, en tant de points essentiels, défendre les mêmes thèses.

Je qualifierais notre démarche de pragmatique par opposition à la philosophie des Lumières qui consiste à poser en préalable quelques principes et, par le jeu de la raison, à en tirer toutes les conséquences, ce qui pourrait conduire à des erreurs humaines considérables.

on ne fait le mal que pour un bien, ou qu’on croit tel. Le mal, pour les humains, n’est qu’un moyen, jamais un but.

Et Spinoza constate encore que l’augmentation de notre puissance s’accompagne d’un sentiment (affectus, en latin, que je traduis indifféremment ici par « affect » ou « sentiment ») de joie, tandis que la diminution de notre puissance s’accompagne d’un sentiment de tristesse.

Érasme n'a pas été d'emblée le grand écrivain que nous connaissons. Un homme de cette sorte a besoin de vieillir pour pouvoir exercer son influence sur le monde. Un Pascal, un Spinoza, un Nietzsche peuvent mourir jeunes, leur génie synthétique se complaît dans les formes étroites et limitées de la pensée. Au contraire, le génie analytique et