La “natalité”, comme obligation d’agir, nous intrique dans le temps. Seule l’inactivité nous libère du temps, mieux, nous apporte une rédemption à l’égard de celui-ci. Le genius incarne précisément une tout autre forme de vie : “Le visage d’enfant du genius, ses longues ailes tremblantes montrent qu’il ne connaît pas le temps53.” Quand nous

L’obsession de l’activité, de la production et de la performance débouche sur la perte d’haleine. L’homme étouffe dans sa propre action. C’est seulement dans la méditation que les choses deviennent “spacieuses, aériennes autour de l’homme25”. On trouve dans les Cahiers noirs de Heidegger une parole très remarquable : “L’Être est l’éther dans lequel

Quand Aristote élève le bíos theoretikós, la vie contemplative, au rang d’activité divine et y situe la félicité parachevée, il a sans aucun doute en vue l’observation cultuelle de Dieu dans la theoría : “Et il y a pour finir Aristote qui ne compare nullement la theoría du philosophe à une observation quelconque, mais avec celle de l’Olympe, auprès

L’activité est à l’inactivité ce que la lumière est à l’ombre. L’ombre donne forme à la lumière. Elle lui donne des contours. Ombre et lumière se conditionnent mutuellement. On peut donc aussi concevoir l’activité et l’inactivité comme deux états ou modes différents de la pensée, voire de l’esprit. La pensée se tisse à partir d’ombre et de lumière.

La dialectique de l’inactivité transforme celle-ci en seuil, elle en fait une zone d’indétermination qui nous rend capables de produire quelque chose qui n’a pas encore été là. Sans ce seuil, l’identique se reproduit. Nietzsche écrit ainsi, lui aussi : “Les gens inventifs ont une tout autre vie que les actifs : il leur faut du temps pour que se

enfantine. À l’ère de la production permanente et narcissique de soi-même, la religion perd son fondement, car l’abnégation est constitutive de l’expérience religieuse. La production de soi est plus nocive à la religion que l’athéisme. Celui qui se donne la mort prend part à l’infini. Schleiermacher écrit ainsi : “Cherchez donc à abandonner votre

Nous stockons d’immenses quantités de données et d’informations sans toutefois explorer des souvenirs. Nous nous détournons de toute forme de “pour toujours”. Nous abjurons des pratiques temporellement intenses comme la fidélité, la responsabilité, la promesse et l’engagement. Mais ce sont le provisoire, le court terme et l’inconstance qui dominent

Aujourd’hui, nous consacrons nos meilleures forces à prolonger la vie. Mais en réalité, la vie se raccourcit pour devenir une survie. Nous vivons pour survivre. L’hystérie de la santé et le délire de l’optimisation sont des reflets du manque d’être dominant. Nous tentons de compenser le déficit d’être par la prolongation de la vie nue. Nous perdons

Quand on agit, on poursuit des buts. Aller quelque part, vouloir se rendre quelque part, tel est le mode d’avancée de l’agir. Celui qui ne fait qu’agir n’est pas capable d’accomplir cette célébration festive qui retient le temps. La célébration est en outre dénuée de but. Elle se distingue par là de l’activité, nécessairement liée à un but.