
Vita Contemplativa

cette appartenance est l’essence la plus intime de la liberté20.” La liberté comme appartenance rend justice à l’idée originelle de la liberté. Le mot allemand frei, “libre”, signifie, par son étymologie, “être entre amis”, unter Freunden. Aussi bien Freiheit, “la liberté”, que Freund, “l’ami”, sont dérivés de la racine indogermanique fri, qui
... See moreOlivier Mannoni • Vita Contemplativa
L’idée que le premier romantisme se fait de la liberté apporte un correctif, mieux, un antidote, à la liberté intellectuelle de notre temps. Elle ne repose pas sur le se-vouloir ou le vouloir aller à soi, mais sur l’être-avec ou la covolonté. “La covolonté est […] le fait de s’engager et se détacher dans l’être. La covolonté est une nécessité, mais
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enfantine. À l’ère de la production permanente et narcissique de soi-même, la religion perd son fondement, car l’abnégation est constitutive de l’expérience religieuse. La production de soi est plus nocive à la religion que l’athéisme. Celui qui se donne la mort prend part à l’infini. Schleiermacher écrit ainsi : “Cherchez donc à abandonner votre
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L’athéisme n’exclut pas la religion. Pour Schleiermacher, la religion est aussi tout à fait concevable sans Dieu : “Avoir de la religion, c’est contempler l’univers […]. Si vous ne pouvez nier que l’idée de Dieu s’accommode de toute contemplation de l’univers, vous devez aussi admettre qu’une religion sans Dieu peut être meilleure qu’une autre avec
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La religion, selon Schleiermacher, “dépasse toute activité pour accéder à une contemplation étonnée de l’infini3”. Celui qui agit a un but à l’esprit et perd des yeux la totalité. Et la pensée oriente son attention vers un objet. Seules la contemplation et la sensation ont un accès à l’univers, à savoir à l’étant dans le tout.
Olivier Mannoni • Vita Contemplativa
La religion suppose une attention particulière. Malebranche qualifie l’attention de prière naturelle de l’âme1. Aujourd’hui, l’âme ne prie plus. Au contraire, elle se produit. Et l’on peut précisément rendre son hyperactivité responsable de la perte de l’illusion religieuse. La crise de la religion est une crise de l’attention.
Olivier Mannoni • Vita Contemplativa
C’est précisément à ces paroles de Caton que se réfère Cicéron dans De Republica immédiatement avant de s’engager dans l’éloge de la vita contemplativa. Il invite le lecteur à se mettre à l’écart de la cohue et à se consacrer à la vie contemplative. Pour Cicéron, la pensée fait partie de la vita contemplativa. Ainsi Arendt conclut-elle sans le
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Quand on agit, on poursuit des buts. Aller quelque part, vouloir se rendre quelque part, tel est le mode d’avancée de l’agir. Celui qui ne fait qu’agir n’est pas capable d’accomplir cette célébration festive qui retient le temps. La célébration est en outre dénuée de but. Elle se distingue par là de l’activité, nécessairement liée à un but.
Olivier Mannoni • Vita Contemplativa
La “natalité”, comme obligation d’agir, nous intrique dans le temps. Seule l’inactivité nous libère du temps, mieux, nous apporte une rédemption à l’égard de celui-ci. Le genius incarne précisément une tout autre forme de vie : “Le visage d’enfant du genius, ses longues ailes tremblantes montrent qu’il ne connaît pas le temps53.” Quand nous
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