
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (French Edition)

« Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individu
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Il n’y a que la première parole qui coûte. Je me suis préparée depuis déjà deux jours à être tout à fait claire et véridique : j’espère que j’y réussirai. Peut-être ne comprenez-vous pas encore pourquoi je vous raconte tout cela, à vous qui m’êtes étranger ; mais il ne se passe pas une journée, à peine une heure, sans que je pense à cet événement ;
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Le souvenir m’assaillait brusquement de cette nuit où je m’éveillai soudain à côté d’un inconnu, d’un homme demi-nu, et alors, tout comme la première fois, je n’avais plus qu’un seul désir, celui de mourir aussitôt. Malgré tout, le temps a un grand pouvoir, et l’âge amortit de façon étrange tous les sentiments. On sent qu’on est plus près de la mor
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Le jeu révèle l’homme, c’est un mot banal, je le sais ; mais je dis, moi, que sa propre main, pendant le jeu, le révèle plus nettement encore. Car tous ceux ou presque tous ceux qui pratiquent les jeux de hasard ont bientôt appris à maîtriser l’expression de leur visage : tout en haut, au-dessus du col de la chemise, ils portent le masque froid de
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Et je sens de nouveau avec effroi quelle substance faible, misérable et lâche doit être ce que nous appelons, avec emphase, l’âme, l’esprit, le sentiment, la douleur, puisque tout cela, même à son plus haut paroxysme, est incapable de briser complètement le corps qui souffre, la chair torturée, – puisque malgré tout, le sang continue de battre et q
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Je déclarai que cette négation du fait incontestable qu’une femme, à maintes heures de sa vie, peut être livrée à des puissances mystérieuses plus fortes que sa volonté et que son intelligence, dissimulait seulement la peur de notre propre instinct, la peur du démonisme de notre nature et que beaucoup de personnes semblaient prendre plaisir à se cr
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Puis se passa quelque chose de si effrayant qu’il est à peine possible de le raconter, parce que la nature violemment tendue, dans les moments de crise exceptionnelle, donne souvent à l’attitude de l’homme une expression tellement tragique que ni l’image, ni la parole ne peuvent la reproduire avec cette puissance de la foudre qui est en elle.
Stefan Zweig • Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (French Edition)
je me trouvais à vingt ou à trente pas derrière le banc où était assis cet homme immobile et effondré sur lui-même ; je ne savais que faire, poussée, d’une part, par la volonté de le secourir et, d’autre part, retenue par la timidité d’adresser dans la rue la parole à un inconnu, peur qui nous est inculquée par l’éducation et la tradition.
Stefan Zweig • Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (French Edition)
À parler sincèrement, c’était par ennui, pour échapper à ce vide torturant de l’âme qui met en nous comme une nausée et qui voudrait tout au moins trouver une diversion dans de petits excitants extérieurs. Moins ma sensibilité était vive en elle-même, plus je ressentais le besoin de me jeter là où le tourbillon de la vie est le plus rapide : quelqu
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