
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (French Edition)

je tombai sur ce banc, hébétée, à bout de souffle avec pour ainsi dire l’avant-goût voluptueux de ma mort nécessaire. Mais, je viens de le dire, toute souffrance est lâche : elle recule devant la puissance du vouloir-vivre qui est ancré plus fortement dans notre chair que toute la passion de la mort ne l’est dans notre esprit.
Stefan Zweig • Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (French Edition)
Si une dame se rendait au vestiaire, il s’empressait d’aller lui chercher son manteau ; il avait pour chaque enfant un regard amical ou un mot de plaisanterie ; il était à la fois sociable et discret ; bref, il paraissait un de ces êtres privilégiés, à qui le sentiment d’être agréable aux autres par un visage souriant et un charme juvénile donne un
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Le jeu révèle l’homme, c’est un mot banal, je le sais ; mais je dis, moi, que sa propre main, pendant le jeu, le révèle plus nettement encore. Car tous ceux ou presque tous ceux qui pratiquent les jeux de hasard ont bientôt appris à maîtriser l’expression de leur visage : tout en haut, au-dessus du col de la chemise, ils portent le masque froid de
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Il n’y a que la première parole qui coûte. Je me suis préparée depuis déjà deux jours à être tout à fait claire et véridique : j’espère que j’y réussirai. Peut-être ne comprenez-vous pas encore pourquoi je vous raconte tout cela, à vous qui m’êtes étranger ; mais il ne se passe pas une journée, à peine une heure, sans que je pense à cet événement ;
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Il vécut à Rome, à Florence, où il connut Ellen Key, la célèbre authoress suédoise, en Provence, en Espagne, en Afrique. Il visita l’Angleterre, parcourut les États-Unis, le Canada, le Mexique. Il passa un an aux Indes. Ce qui ne l’empêchait pas de poursuivre ses travaux littéraires, sans effort, pourrait-on penser, puisqu’il dit quelque part : « M
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: je n’avais guère senti autre chose qu’un coup brusque, un coup unique, qui m’avait étourdie. Mais maintenant, brutalement sortie de ce tumulte, je voulais encore une fois revivre, pour en jouir rétrospectivement, bribe par bribe, ces émotions fugitives, grâce à cette façon magique de se tromper soi-même que nous appelons le souvenir... À vrai dir
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Il s’accrochait à moi comme celui qui déjà sent sous lui l’abîme. Quant à moi, je déployai toutes mes ressources, tout ce qu’il y avait en moi, pour le sauver. On ne vit une heure pareille qu’une seule fois dans sa vie, et cela n’arrive qu’à une personne parmi des millions ; moi non plus, je ne me serais jamais doutée, sans ce terrible hasard, avec
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En effet, n’oubliez pas ce que je vous ai précédemment raconté : depuis la mort de mon mari, j’avais complètement renoncé à la vie. Mes enfants n’avaient pas besoin de moi, je ne m’intéressais pas à moi-même, et toute vie qui ne se voue pas à un but déterminé est une erreur. Or, pour la première fois, à l’improviste, une mission m’incombait : j’ava
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« Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individu
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