Travail, les raisons de la colère (ECO HUMAINE) (French Edition)

supplémentaires. Les réorganisations permanentes et les nouveaux outils qui les accompagnent sont présentés comme des moyens censés améliorer le fonctionnement de l’ensemble. Mais loin de favoriser le travail bien fait, de susciter la cohérence, d’apporter une meilleure compréhension, de développer une coopération constructive, ils produisent une s

« Dans l’univers cybernétique […], les êtres humains n’agissent pas : ils rétroagissent aux signaux qu’ils reçoivent des systèmes d’information dans lesquels ils sont insérés. Et ils ne se parlent pas, mais ils communiquent au moyen de ces systèmes » (Supiot, 2010, p. 131).

permanent. Par ailleurs, la crainte d’être dépassé alimente le stress et le sentiment d’une course infinie. Un manager nous disait qu’il avait l’impression d’avoir à monter un « escalator descendant ».

Mais cette « liberté » a son revers puisque plus aucun obstacle ne peut justifier un retard, un oubli, un rendez-vous manqué, un contretemps… La facilité d’utilisation des technologies de communication désamorce la possibilité de mentionner des difficultés ou des obstacles dans la tâche à accomplir. Bien au contraire, puisqu’il est si facile de se

Entre instrumentalisation et autonomie, entre conformisme et responsabilisation, les tensions ne cessent de s’accroître. « Lorsque le salarié est confronté à des situations d’isolement (par exemple en ne communiquant que via les écrans d’ordinateurs), d’absence d’autonomie, d’omniprésence des procédures de rationalisation financière, d’indifférence

Une bonne partie de leur intelligence ayant été captée dans la machine, les agents sont obligés d’appliquer des procédures normatives. Ils ont été privés de leur apprentissage et ne peuvent plus exercer leur capacité d’adaptation, faite de tentatives plus ou moins réussies d’essais et d’erreurs face à des situations nouvelles.

Les capacités d’initiative diminuent au profit de l’adaptation à des procédures normalisées et normalisantes.

Ce n’est plus la détention et la rétention de l’information qui comptent, mais son traitement, son assimilation et sa hiérarchisation. Il convient de décrypter les informations essentielles dans la masse qui circule. La contrepartie de cette circulation permanente de l’information est un piège : on ne peut plus dire que l’on n’était pas informé pou

Cet instrument de contrôle est à la disposition du management, mais surtout de l’agent lui-même, qui est invité à autoévaluer ses performances et à en tirer les conséquences. Chacun intériorise la nécessité d’améliorer ses résultats à partir de la mesure quotidienne de son activité « réelle », la réalité étant ici traduite en termes financiers. Car