Travail, les raisons de la colère (ECO HUMAINE) (French Edition)

Dans le film cité précédemment, on peut voir comment deux consultants vont suivre pendant plusieurs semaines le meilleur des vendeurs de Fenwick, pour prélever son savoir-faire et le traduire dans un référentiel sur lequel les autres vendeurs devront s’aligner. La norme n’apparaît pas comme imposée de l’extérieur. Elle est le produit d’une expertis

Ce n’est pas la technologie en elle-même qui engendre le mal-être, mais son utilisation au service d’un contrôle renforcé, relayé par les modifications de l’organisation qu’elle engendre. La culture des flux tendus envahit l’ensemble du monde du travail. La tension est d’autant plus accentuée que la perte de maîtrise sur l’organisation de son activ

Le cas de France Télécom est, une fois encore, exemplaire. Selon le rapport de Technologia, « le système d’information cristallise de nombreuses critiques : applications pléthoriques, ergonomie insatisfaisante, dysfonctionnements multiples et variés concourent à l’alourdissement de la charge de travail des salariés. 62 % d’entre eux disent que, sou

supplémentaires. Les réorganisations permanentes et les nouveaux outils qui les accompagnent sont présentés comme des moyens censés améliorer le fonctionnement de l’ensemble. Mais loin de favoriser le travail bien fait, de susciter la cohérence, d’apporter une meilleure compréhension, de développer une coopération constructive, ils produisent une s

Si la majorité des salariés n’en arrive pas à ces extrémités, tous sont pourtant pris dans un système qui les conduit à suivre les résultats de leurs collègues, à les mesurer, à se comparer. Entre le désir de faire mieux que les autres et/ou la crainte d’être dépassé, ce système conçu pour les motiver et les responsabiliser les met en compétition l

Apparemment, l’ordinateur et les NTIC permettent à celui qui les met en œuvre d’élargir son champ d’action, alors qu’il participe surtout à le formater à partir de directives insérées dans le système d’information et qui deviennent des guides de l’action. Il y a là un déplacement du pouvoir. L’intelligence des systèmes experts qui devrait n’être qu

Cet instrument de contrôle est à la disposition du management, mais surtout de l’agent lui-même, qui est invité à autoévaluer ses performances et à en tirer les conséquences. Chacun intériorise la nécessité d’améliorer ses résultats à partir de la mesure quotidienne de son activité « réelle », la réalité étant ici traduite en termes financiers. Car

La machine « nous fait perdre l’habitude de nous diriger nous-mêmes et nous accoutume toujours davantage à consentir, dans les marges d’un pouvoir véritablement disciplinaire, à notre propre aliénation, à notre propre mutilation (Gori, Del Volgo, 2009, p. 123).

les contrôles de gestion ont imposé leurs normes au détriment des finalités professionnelles et des valeurs qui les fondaient. « Partout, au nom de l’expertise objective et de la logique comptable, le formatage des conduites a devancé l’esprit et la substance des actes. Partout le profit à court terme ouvre la guerre de tous contre tous, dans une s