S'Anomaliser: Démissionnez du monde (French Edition)

Si nous subissons tous les vents de l’époque et sommes inévitablement façonnés par eux, rien ne nous force à faire de ces balayages violents notre religion. C’est en nous dressant que nous tentons d’exister ; c’est par notre curiosité et la défense de nos aspérités que nous nous imposons au monde.

Nous pouvons et devons utiliser l’immense exposition que permettent ces nouveaux outils. Vous pouvez faire du beau sur internet, du juste et du vrai. Sur ces espaces, tout le monde semble idiotement convaincu de l’inutilité concurrentielle du sensible, voilà tout.

Le devenir soi n’est pas un chemin ou une quête, c’est un souffle. Ce n’est pas tant savoir faire, mais savoir guetter sans faire. La véritable puissance de l’être n’est pas rejointe en se taillant un chemin à la machette dans la jungle de l’envie – elle vous rend visite. Tous les esprits aiguisés le savent : on ne se découvre pas, on est découvert

Écrire un livre est un acte de résistance – et ce indépendamment de son contenu, de son ambition ou de sa justesse. Écrire c’est prendre un temps dont personne ne dispose pour faire ce que personne ne devrait raisonnablement faire. Le livre ne devrait pas exister. Nos vies – plus proches de la survie en réalité – sont d’éphémères obtues, incompatib

Ce que nous appelons aujourd’hui développement personnel n’est rien d’autre que cette grande bifurcation amoindrissante qui transforme les êtres les plus vifs et bouillonnants d’une époque, en de petits rats de bibliothèque de l’être. Ils arpentent nuit et jour les grands rayons de l’optimisation de soi, constamment mis à jour. Leur énergie, qui ap

Jouant sur nos leviers primordiaux les plus triviaux, le paradigme algorithmique passe de celui qui sert à celui qui façonne. À peine votre ventre songe-t-il à la possibilité de signaler le début discret, mais supportable, d’un manque, qu’une cohorte de serveurs sans visage ouvrent sans toquer votre porte, acheminant des plats parfaits, des plats q

Nous sommes, en tant qu’espèce, des navigants qui trouvent joie, plaisir et cohérence dans le simple fait d’errer en poursuivant la vibration de leurs intérêts particuliers. C’est ce que nous avons toujours fait, c’est ce qui nous a donné la possibilité de tisser les toiles fragiles de nos paradigmes personnels d’existence.

L’âge furieux est un âge d’audace : où est-elle dans ce combat perdu d’avance contre soi au service du monde ? Personne n’est plus désespérément esclave que celui convaincu d’œuvrer pour sa liberté, alors qu’il suit scrupuleusement les règles que son geôlier invisible a fixées pour lui.

ce ne sont pas ces technologies qui posent problème, mais notre incapacité à formuler une nouvelle esthétique de vie adaptée et permettant de contrer, ou du moins de limiter, les effets délétères de ces nouveaux greffons. L’heure n’est plus au constat ou à la critique sociale du siècle internet – l’heure est à la proposition, à la tentative pratiqu