Nous devenons nous en dehors, pour mieux combattre au-dedans.

Nous ne sommes même plus surpris de croiser ces cohortes de soldats, se préparant éternellement pour une guerre publicitaire qui jamais ne viendra, s’éloignant ainsi du seul véritable champ de bataille : celui de la création sincère, permise par la découverte et la protection de ses propres aspérités, de ses tourments et de son étrange.

ce ne sont pas ces technologies qui posent problème, mais notre incapacité à formuler une nouvelle esthétique de vie adaptée et permettant de contrer, ou du moins de limiter, les effets délétères de ces nouveaux greffons. L’heure n’est plus au constat ou à la critique sociale du siècle internet – l’heure est à la proposition, à la tentative

Ce qui compte avec l’ambition n’est pas tant ce qu’elle nous permet d’accomplir, mais bien davantage la protection qu’elle nous offre et le chemin qu’elle nous révèle. Vous en aurez besoin pour le sommet et pour ce qui arrive après, car il faudra sans cesse renouveler nos espoirs et nos attentes.

Voilà ce que j’appelle le bel égoïsme : être irrémédiablement convaincu, non seulement d’exister, mais d’avoir à influer sur le cours des choses. Ce n’est pas se rêver en Prométhée politique ou en héros historique, mais se savoir capable d’influer doucement sur la teneur des murmures du monde – c’est un égoïsme poétique, c’est s’estimer

Si nous subissons tous les vents de l’époque et sommes inévitablement façonnés par eux, rien ne nous force à faire de ces balayages violents notre religion. C’est en nous dressant que nous tentons d’exister ; c’est par notre curiosité et la défense de nos aspérités que nous nous imposons au monde.

Avant de vouloir juger le monde, découvrez-le. Avant de vouloir penser l’effondrement, effondrez-vous. Avant de parler du sens que le monde prend, explorez la richesse des possibles et nettoyez votre propre boussole interne. Tragique ironie qui fait que celui qui perd son cap est immédiatement tenté d’accuser le monde d’avoir perdu le sien.

Notre mission est de faire revenir le rôdeur insaisissable qui attend calmement au fond de chacun de nos cœurs. Pour cela, il faudra passer par le grisâtre de l’Empire, il faudra regarder l’époque en face, s’y plonger, la comprendre ; il faudra des armes et des idées pour espérer s’en extraire légèrement.

Pour le dire simplement, le sens que nous trouvons dans notre existence temporaire dépend en grande partie de notre aptitude à recevoir, écouter et suivre les variations d’intérêt curieux que ces vents transportent. Ces envies souveraines, que rien n’explicite ni ne traque, sont la source de tout ce qui compte et emplit.