Révolution (French Edition)

Jubilation » est sans doute le mot le plus approprié pour exprimer tout ce qui est ressenti : liesse de se retrouver, allégresse de l’ordre bravé, fête de l’inattendu et de l’intensité vécue. L’événement révolutionnaire rompt avec les colères solitaires et les sentiments isolés, esseulés. C’est une manière de briser la monotonie du même et la sensa

l’histoire révolutionnaire charrie elle-même de l’histoire, celle des révolutions passées, brandies comme références mais surtout comme viviers d’expériences. Ainsi Khristian Rakovsky, qui préside en 1918 le conseil des commissaires du peuple en Ukraine, est-il convaincu « de poursuivre l’œuvre de la Grande Révolution française » : l’histoire sert

Depuis lors s’impose, inflexible, un « Dormez tranquilles bonnes gens » : les gouvernements gouvernent. C’est là une redoutable machine à dépolitiser, tant il est mal admis que le politique puisse se situer en dehors des assemblées ; tant la démocratie représentative, qui porte au fond souvent bien mal son nom, s’impose comme un impensé.

Si la révolution est d’abord une manière hardie de s’en prendre aux pouvoirs établis, au pouvoir tout court, dans son centre et son cœur, elle est une subversion du quotidien ; mais on n’y invente pas tout, tout à coup et soudain. On y reprend parfois des gestes anciens pour les revêtir de nouveaux sens.

Mais la violence la plus extrême, cette autre forme de barbarie, se commettait contre les esclaves, aux colonies. Tel est l’état des lieux que, plus tard, Babeuf décrira dans un mélange de lucidité et d’effroi : « Les supplices de tout genre, l’écartèlement, la torture, la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout, nous ont fa

Cette prise d’armes est donc d’abord vue comme légitime du point de vue démocratique : c’est d’elle que naît la République. Mais à partir de mai, quand le régime s’est installé dans la légalité d’une assemblée élue au suffrage « universel » – amputé puisque les femmes en sont exclues –, la contestation armée est rejetée dans l’illégalité. « La cult

Sur une affiche, rue Gay-Lussac, il y a cette phrase d’André Breton : « l’homme est à repassionner ». L’événement est profondément politique, au sens où la politique n’est pas seulement gestion des affaires : elle est partage du sensible, selon les mots de Jacques Rancière. Ce n’est pas d’abord l’art de diriger. Ce n’est pas une modalité de gouvern

Mais au-delà, Marx et l’Internationale jugent que la plus importante réalisation de la Commune, c’est d’avoir existé : c’est d’avoir prouvé sa possibilité. Même si la répression a été féroce, comme la disqualification obsédante et acharnée. Il fallut alors se débattre contre le cortège des peurs et des calomnies. « Révolution : pour la plupart des

Rimbaud, donc, l’avait dit avant que d’autres ne lui dérobent ce désir puissant qui n’avait rien pour lui d’un slogan : il faut « changer la vie », ouvrir un monde en lui laissant ses possibilités. « Reculer le champ du possible