Révolution (French Edition)

La grève générale brise une évidence sociale, celle de la parole autorisée, réservée et cloisonnée. Ce sentiment de légitimité est une ressource considérable.

S’émanciper revient à changer son rapport au monde. Il en va ainsi des sexualités et de ce que l’on a pu nommer la « révolution sexuelle », même si la formule ne fait pas l’unanimité. « C’est un fait remarquable qu’à chaque grand mouvement révolutionnaire la question de “l’amour libre” apparaît au premier plan ». Ce constat, Engels le formule comme

Face à un système bien organisé, la prémisse d’une révolution tient sans doute dans la dés-adhésion : se désassigner pour devenir sujet. Elle suppose deux dimensions, théoriques et pratiques : le dévoilement, opéré dans la capacité à déjouer et dénouer les chaînes de la domination en les montrant pour ce qu’elles sont ; la mise en œuvre de contre-c

Sur une affiche, rue Gay-Lussac, il y a cette phrase d’André Breton : « l’homme est à repassionner ». L’événement est profondément politique, au sens où la politique n’est pas seulement gestion des affaires : elle est partage du sensible, selon les mots de Jacques Rancière. Ce n’est pas d’abord l’art de diriger. Ce n’est pas une modalité de gouvern

L’émancipation est une façon de « voir le jour », de ne plus être assigné et reconduit dans un rôle et dans l’inertie ; c’est une manière d’y voir clair. Or, tout est fait pour nous tenir dans l’opacité des conformités.

À la Commission trilatérale mise en place par David Rockefeller en 1973, les experts se succédèrent pour poser un constat alarmé sur une situation jugée ingérable : les gouvernants peinaient désormais face à l’implication des gouvernés. On y évoquait de supposés « excès de démocratie » et des luttes pour l’égalité. Trop de démocratie allait briser

« À l’aube exaltante de la libération gay et lesbienne […] nous avions l’audace d’imaginer un futur sexuel radicalement libre et différent35 ». Cette audace invite en effet à reconsidérer l’hétéronormativité. Pour ce faire, il y a lieu de relire les textes essentiels des théoriciennes lesbiennes radicales, comme Monique Wittig et Adrienne Rich36. L

« Quand l’extraordinaire devient le quotidien, c’est qu’il y a une révolution » avance le « Che »33.

Si la révolution est d’abord une manière hardie de s’en prendre aux pouvoirs établis, au pouvoir tout court, dans son centre et son cœur, elle est une subversion du quotidien ; mais on n’y invente pas tout, tout à coup et soudain. On y reprend parfois des gestes anciens pour les revêtir de nouveaux sens.