Redonner du sens au travail: Une aspiration révolutionnaire (French Edition)

Ensuite, le travail, loin de devenir plus intéressant et autonome, tend à s’appauvrir ; nous montrerons comment le management par le chiffre, adossé aux technologies numériques, impose des procédures tatillonnes et un reporting permanent qui contribuent à la « bullshitisation » du travail, alors que les nouvelles générations, de plus en plus diplôm

Vivre un remords écologique au travail accroît le risque de déclarer « ne pas pouvoir faire le même travail jusqu’à 60 ans » : 46 % des actifs concernés jugent leur travail insoutenable, contre 36 % des autres. Ces personnes envisagent plus souvent une bifurcation professionnelle à court ou moyen terme : 38 % disent qu’elles pensent « changer de mé

Peu importe que ce résultat ait été minutieusement réfuté à l’aide des mêmes données mobilisées par les auteurs3. Peu importent les démentis apportés ultérieurement par les évaluations officielles d’autres dispositifs, qu’il s’agisse de la prime pour l’emploi4 ou du RSA5. Ces travaux montrent qu’il n’y a pas d’effet désincitatif des allocations : b

Tout d’abord, la promesse consumériste n’est plus tenue. La création de richesses bénéficie à une minorité qui monopolise les pouvoirs ; les loyers et le carburant augmentent, tandis que le pouvoir d’achat des catégories populaires stagne. Fait inédit, la protestation massive des Gilets jaunes s’oppose à la fois à la paupérisation économique et à l

collègues en cas de difficulté dans le travail. En lien avec l’exposition à des produits dangereux et à un manque d’autonomie, le sentiment de nuire à l’environnement est généralement associé à une situation dégradée de sécurité au travail où les salarié·es disent plus souvent « avoir peur pendant mon travail, pour ma sécurité ou celle des autres »

Les sociologues ne manquent pas, eux non plus, de critiquer la vision étroite de la motivation que privilégient de fait la plupart des économistes. N’oublie-t-elle pas les aspirations à la sociabilité, à la reconnaissance ou à l’épanouissement au travail ? Certain·es ont souligné la nécessité de prendre au sérieux la quête de sens au travail6, part

Le télétravail s’est massivement développé pendant la pandémie, mais il n’apporte manifestement pas de solution à la perte de sens. Selon l’étude de la Dares sur le télétravail pendant la crise sanitaire23, les télétravailleurs réguliers sont moins nombreux que les non-télétravailleurs à signaler une hausse du sens de leur travail relativement à l’

Les cas relatés dans les médias concernent le plus souvent des jeunes, mais les données statistiques sont plus nuancées : ce ne sont pas seulement les moins de 30 ans qui associent remords écologique et projet de reconversion, les 30-49 ans semblent encore plus concernés16.

Dernier clou dans le cercueil du compromis fordiste : la crise écologique taraude de plus en plus les consciences. Les pollutions chimiques et les innovations marketing qui dégradent l’environnement ne seraient pas possibles sans l’enrôlement de millions de travailleurs manuels et intellectuels dans ce qu’on a appelé « l’engrenage de la production4