Redonner du sens au travail: Une aspiration révolutionnaire (French Edition)

Les cas relatés dans les médias concernent le plus souvent des jeunes, mais les données statistiques sont plus nuancées : ce ne sont pas seulement les moins de 30 ans qui associent remords écologique et projet de reconversion, les 30-49 ans semblent encore plus concernés16.

Les sociologues ne manquent pas, eux non plus, de critiquer la vision étroite de la motivation que privilégient de fait la plupart des économistes. N’oublie-t-elle pas les aspirations à la sociabilité, à la reconnaissance ou à l’épanouissement au travail ? Certain·es ont souligné la nécessité de prendre au sérieux la quête de sens au travail6, part

collègues en cas de difficulté dans le travail. En lien avec l’exposition à des produits dangereux et à un manque d’autonomie, le sentiment de nuire à l’environnement est généralement associé à une situation dégradée de sécurité au travail où les salarié·es disent plus souvent « avoir peur pendant mon travail, pour ma sécurité ou celle des autres »

Le travail peut détruire la santé, mais il peut aussi contribuer à la construire. En travaillant, l’être humain transforme la matière et se transforme lui-même : si tout va bien, comme l’explique Marx, « mais en agissant sur la nature extérieure et en la modifiant par ce mouvement, il modifie aussi sa propre nature. Il développe les potentialités q

Ensuite, le travail, loin de devenir plus intéressant et autonome, tend à s’appauvrir ; nous montrerons comment le management par le chiffre, adossé aux technologies numériques, impose des procédures tatillonnes et un reporting permanent qui contribuent à la « bullshitisation » du travail, alors que les nouvelles générations, de plus en plus diplôm

l’emploi1. Le conflit éthique surgit quand les exigences du travail se heurtent à ce qui compte dans le travail pour les personnes. Or l’écologie commence à vraiment compter. Dans la mesure où cette contradiction entre leur conscience écologique et leur pratique professionnelle peut mettre des salarié·es en porte-à-faux, nous parlerons ici de « con

Il est vrai que les ouvriers trouvent en moyenne moins de sens à leur travail. Mais leur souffrance est-elle moins grande quand leur travail perd encore de son sens ? Il ne semble pas : la perte de sens au travail entre 2013 et 2016 conduit à une forte hausse du risque dépressif10, et cela tant pour les ouvriers que pour les cadres. Plus précisémen

Vivre un remords écologique au travail accroît le risque de déclarer « ne pas pouvoir faire le même travail jusqu’à 60 ans » : 46 % des actifs concernés jugent leur travail insoutenable, contre 36 % des autres. Ces personnes envisagent plus souvent une bifurcation professionnelle à court ou moyen terme : 38 % disent qu’elles pensent « changer de mé

Pour la première fois avec l’enquête Conditions de travail 2019, une enquête statistique représentative permet de cerner le phénomène. Le conflit éthique environnemental au travail concerne plus de travailleurs qu’on aurait pu l’imaginer, au vu des cas anecdotiques relatés : à la question « avez-vous l’impression que votre travail a des conséquence