Petit éloge de la médiocrité (French Edition)

Imaginons un monde dans lequel nous aurions pris conscience que nous ne sommes rien face au temps qui défile malgré nous. Un monde dans lequel nous refuserions de nous soumettre à un rythme, à une cadence.

Hors des jeux et enjeux politiciens. La seule solution pour rendre la politique moins médiocre est donc de mettre nos médiocrités en commun.

Le culte de la réussite solitaire est un dogme qu’il convient de regarder avec défiance, et l’humain que l’on hisse sur un piédestal ressemble à ces statues de divinités figées dans le mouvement, immobiles, empêchées, fausses.

Le philosophe Arthur Schopenhauer demeure l’un des principaux penseurs du désespoir. Il n’est certes pas connu pour son côté funky – « la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui » – mais il a le mérite de ne pas être complaisant envers notre rapport à nous-même. « La vie d’un homme n’est qu’une lutte pour l’exi

Les constructeurs automobiles et l’industrie du tabac nous promettent aussi du bonheur. Celui-ci est bon pour la croissance. Pas seulement des cellules cancéreuses, mais aussi de l’économie.

Car Narcisse, non content d’être magnifique, était sans doute également un petit peu con. Il fut tellement subjugué par son propre reflet qu’il se laissa mourir de langueur, ce qui est sans doute une des morts les plus médiocres que l’on puisse imaginer (l’équivalent de tomber dans un ravin en se prenant en photo avec une perche à selfie). Morale d

Si on pousse la logique, il est même fortement conseillé aux artistes de rater, de ne pas être parfaits. Rien de plus pénible qu’une œuvre considérée comme « sans défaut ». Car la personne qui rencontre l’œuvre n’est pas parfaite. Elle aussi rate, échoue, se plante. Elle est également médiocre. Et être artiste, c’est savoir faire résonner les médio

Rencontrer ses idoles, c’est faire le deuil de sa naïveté.

Alors quoi ? Qu’est-ce qui singularise l’humain ? À bien y réfléchir, sa « supériorité » réside peut-être dans sa capacité à souiller la beauté et le silence, à polluer ses conditions de survie, à créer du déchet – concept qui n’existe pas à l’état naturel. Une crotte de chevreuil est un formidable engrais. Un pipi de yack aussi. Une mue de serpent