Notre vagabonde liberté: À cheval sur les traces de Montaigne (French Edition)

Au contact des néoruraux, je prends conscience de l’incidence que cette révolution dans le rapport au travail aurait sur l’aménagement du territoire, en donnant à tous ceux qui hésitent à franchir le pas une sécurité financière minimale. Cinq cents euros par personne et par mois, ce n’est pas la fortune, mais largement de quoi s’alimenter, se chauf

Ce premier dîner avec un couple d’agriculteurs proches de la retraite me permet de tester ce que je baptiserai la méthode Montaigne, décrite synthétiquement au début des Essais : « J’observe en mes voyages cette pratique, pour apprendre toujours quelque chose, par la communication d’autrui (qui est une des plus belles écoles qui puisse être) de ram

La sagesse est parfaitement banale à décrire et horriblement difficile à exercer. C’est l’exact inverse de la philosophie postmoderne, pure création de concepts, intellectuellement sophistiquée et moralement démunie. On peut être un grand philosophe et un parfait salaud : les exemples ne manquent pas. À l’inverse, on peut devenir sage sans avoir ja

D’abord, j’ai rencontré Montaigne. Je médite sa définition de la liberté, inspirée des stoïciens : « pouvoir toute chose sur soi », à l’opposé de l’injonction moderne à « élargir le champ des possibles ». Il s’agit donc de restreindre ses désirs plutôt que de multiplier les occasions de les satisfaire. La liberté chez Montaigne ne se confond pas av

Pour être bon mari, bon père, bon citoyen, il faut aussi savoir créer des parenthèses, des respirations, où l’on se trouve soudain « dénoué » comme l’écrit Montaigne ; dénoué des routines, des obligations et aussi des sentiments.

Crawford analyse les vertus de l’artisanat et, au fond, de tout travail avant le taylorisme : en modelant un donné extérieur, en opérant une transformation tangible, on exerce son intelligence de manière immédiate, vérifiable. Surtout, on projette sa propre individualité dans le monde. Ces rênes seront à jamais les miennes. Nul besoin d’être décroi

les voyages doivent « apprendre toujours quelque chose ». C’est toute la différence avec le tourisme. Je ne musarde pas le nez au vent (quel ennui !) : je prends des notes, je me documente, je pose des questions. Quelles questions ? Voilà le principal apport de Montaigne : des questions non sur les sujets qui m’intéressent, mais sur ceux que les ge

Il s’appelle Richard. Il était monteur dans le cinéma avant de prendre sa retraite ici, « au calme ». Il fait partie de ces autodidactes discrets qui lisent tout, s’intéressent à chaque nouvelle idée, se cultivent et s’interrogent continuellement, sans autre objectif que le plaisir de la connaissance et l’amélioration du genre humain.

Sur les chemins, j’ai tous les jours ma dose d’empêchement et de résistance, et la satisfaction d’en triompher. Ne poursuivant d’autre objectif que de parvenir sain et sauf à l’étape, et confronté à la nécessité absolue de tempérer mes attentes comme mes frustrations, j’accepte sereinement les hasards quotidiens. Pouvoir toute chose sur soi, c’est