Le roi vert (French Edition)

Ensuite, il s’écoula presque cinq mois avant que Mayziel revît le jeune homme, qui avait laissé derrière lui en partant, dans l’appartement lyonnais, ses seuls biens terrestres de l’époque : deux livres, un exemplaire des Essais de Montaigne en français, et Feuilles d’Automne en anglais, de Walt Whitman.

tous les trois. Quoique… » Il n’aimait pas Dov Lazarus (qu’il ne connaissait que sous le nom d’O’Shea, pseudonyme que Dov utilisa à Tanger tout du long) et au vrai, en avait peur. À deux ou trois reprises, il l’avait vu en grande conversation – et en anglais – avec des espèces d’Italo-Américains assez inquiétants, citant des noms comme ceux d’Hymie

inquiétant, il touchait aux extrêmes limites de sa résistance et pire encore, avait disparu de ses yeux cette flamme sauvage qui avait tant frappé aussi bien Tarras que Settiniaz. Par une réaction en quelque sorte à retardement, il semblait qu’il fût atteint du syndrome des camps, touchant une majorité des rescapés qui, passé les premières heures o

Selon Yoël Bainish, qui est pour cette période de la vie du Roi le témoin le plus précis et le plus constant, Reb Klimrod et surtout Lazarus comptaient alors parmi les terroristes les plus recherchés par les Britanniques en Palestine.

Bainish examinait Klimrod et le trouvait changé. Non par la taille ou la corpulence, quoiqu’il eût peut-être pris quelques centimètres encore et quelques kilos. Mais il avait toujours cette même silhouette de faucheux, la même apparente lenteur d’allure, le même regard sans fond. Le changement était ailleurs : une dureté plus grande et surtout, com

Je vérifierai. La moindre de tes affirmations. » Les yeux gris ne cillèrent même pas : « Vous auriez tort de ne pas le faire. Et vous n’avez pas besoin de me répondre tout de suite. Je ne pourrais pas prendre au sérieux des gens qui m’engageraient en quelques minutes. D’ailleurs, je ne suis pas physiquement en état de partir. –

Reb avait tout cela à cette époque. Il était encore autre chose : il ne prenait jamais part à aucune discussion sur le futur État juif. En cela, il rejoignait Dov Lazarus. Pour Lazarus, toute politique était abstraction et il ne vivait que pour l’action.

« Montaigne. Je connais. – Prenez-le également », dit Tarras que l’émotion forçait d’ouvrir la bouche. Entre la vingtaine de livres qu’il avait emportés avec lui, pour tenter de combattre l’horreur, s’il avait dû en choisir un, ç’aurait été le Montaigne. «

ils me semblaient posséder également une impressionnante et cynique nonchalance qui m’apparaissait comme la preuve d’une maturité, d’une expérience de la vie dont j’étais quant à moi dépourvu.