Le Monde selon Tocqueville: Combats pour la liberté (French Edition)

Tout régime politique est confronté à la nécessité de souder le peuple en transcendant la singularité des individus, les tyrannies pour s’inscrire dans la durée, les démocraties pour remédier à l’individualisme et faire émerger un projet politique.

Les religions, comme les institutions politiques, sont vulnérables aux divisions autour du dogme, au déclin de la foi et à l’indifférence. Loin d’être favorable à la liberté, l’irréligion représente un danger pour la démocratie car elle peut libérer un espace pour des doctrines liberticides. Ainsi en fut-il des idéologies totalitaires du XXe siècle

La démocratie est prise sous un feu croisé : par le haut avec la possible apparition d’un despote ; par le bas en raison de la tyrannie de l’opinion publique et du développement de l’individualisme au détriment du bien commun.

« Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d’elles que l’égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères8. »

Tocqueville

Au cœur de la démocratie, on trouve la tension fondamentale entre l’égalité et la liberté. La liberté est le fruit de l’égalité. Mais l’égalité peut se retourner contre la liberté.

La décentralisation est à l’inverse l’alliée de la démocratie car elle met la décision publique à la portée des citoyens et exerce une pédagogie de la liberté.

Au-delà même de leur dépendance matérielle vis-à-vis de l’État, les citoyens peuvent être conduits, au nom de l’égalité, à renoncer à leur liberté par goût du conformisme ou par simple lassitude.

Deux dangers principaux menacent l’existence des démocraties. L’asservissement complet du pouvoir législatif aux volontés du corps électoral. La concentration, dans le pouvoir législatif, de tous les autres pouvoirs du gouvernement14. »