
Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)

J’ai commencé cet article sans savoir où j’allais, ce sont les plus plaisants à écrire, et je le cherche encore en ces lignes où il s’achève. L’espace nous porte, le temps nous emporte, et l’action se reconnaît à cette articulation efficace des deux : agir, c’est toujours mettre notre puissance au service de notre impuissance, et choisir l’avenir,
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Quelle curieuse leçon d’existence nous leur donnons, qui laisse entendre que vivre c’est attendre et recevoir, quand nous savons bien, nous, les parents, que c’est l’inverse qui est vrai ! Aucun cadeau n’est le bonheur, ni rien de ce qu’on attend ou reçoit, mais cela seulement qu’on fait ou qu’on donne, et point en cadeau, puisque l’essentiel de ce
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C’est où la question du sens de la vie prend un contenu éthique, qui modifie et la question et la réponse. Le problème n’est pas de savoir si la vie a un sens, mais ce qui, dans la vie, est susceptible d’en donner.
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
la définition de l’illusion : « une croyance dérivée des désirs humains », disait Freud, ce qui me paraît comme à lui correspondre merveilleusement à la religion. Être dans l’illusion, c’est prendre ses désirs pour la réalité. Or rien, par définition, n’est plus désirable que Dieu. Rien, donc, n’est davantage suspect d’illusion que la foi en son ex
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Que la morale soit nécessaire, c’est une évidence, et d’autant plus qu’elle nous fait davantage défaut : elle n’est nécessaire qu’à proportion de notre insuffisance, et c’est pourquoi elle l’est toujours. Elle n’est bonne que pour les méchants ou les médiocres, elle n’est bonne que pour les égoïstes ; c’est pourquoi elle est bonne pour nous tous, h
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Égoïsme ? Nullement. Comment serait-on heureux tout seul ? Il n’est qu’un seul devoir, disait bien Diderot, c’est « de se rendre heureux ». Mais il ajoutait : « L’homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d’un plus grand nombre. » Tous ses amis pensaient de même.
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
C’est où l’on passe de la morale à l’éthique, du devoir à la vertu, de la soumission à la liberté. Obéir ? Ce n’est qu’un début, toujours nécessaire, jamais suffisant. L’ensemble des devoirs et des interdits (la morale) n’est qu’une infime partie de l’art de vivre (l’éthique), qui est un art d’aimer. C’est pourquoi les deux sont nécessaires : la mo
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Pour Montaigne, au contraire, il n’y a de valeurs que subjectives : de quel droit pourrais-je prétendre imposer les miennes ? Est-ce à dire que tout se vaut, et ne vaut rien ? Au contraire ! Le relativisme n’est pas un nihilisme : qu’une valeur soit relative, cela ne l’empêche pas de valoir. Pourquoi n’y aurait-il que l’absolu qui vaille ? Nos plai
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La politique n’est pas là pour changer la vie. Elle est là pour maintenir ou améliorer ce qui la rend possible. La politique n’est pas là pour nous rendre heureux ; elle est là pour combattre ce qui nous empêche de le devenir ou de le rester : la misère, l’oppression, l’injustice, le chômage, l’insécurité…