Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)

De là la prudence (phronèsis), où les Anciens voyaient l’une des quatre vertus cardinales. Attention de ne pas la confondre avec le simple évitement des dangers ! La prudence porte sur les moyens, remarquait Aristote, point sur les fins (lesquelles ne relèvent que du désir). Il ne s’agit donc pas de fuir tous les risques, ce qui est impossible, ni

La vie n’est pas une énigme, qu’il faudrait résoudre. Ni une compétition, qu’il faudrait gagner. Ni un livre, qu’il faudrait comprendre. Ni un symptôme, qu’il faudrait interpréter. Comment aurait-elle un sens, puisqu’il n’y a de sens qu’en elle, que par elle, que pour elle ?

C’est où la question du sens de la vie prend un contenu éthique, qui modifie et la question et la réponse. Le problème n’est pas de savoir si la vie a un sens, mais ce qui, dans la vie, est susceptible d’en donner.

y a du sens dans ma vie, à chaque fois qu’elle se met au service d’autre chose qu’elle-même : une cause que je crois juste, des individus que j’aime, un plaisir que je goûte, une vérité que je cherche, une œuvre que j’entreprends, un combat que je mène, un projet que je poursuis…

À quoi bon te vautrer dans ton inconscient, ton milieu ou ton corps ? Prends plutôt ton destin en main : apprends à te connaître, apprends à agir, augmente en toi la part de lucidité, de responsabilité, de liberté – de conscience. « Sapere aude ! » (Ose savoir ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement !) Telle était, nous rappelle Kan

Il faut désirer ce qui manque, et souffrir. Ou bien désirer ce qui est, et se réjouir. Cette souffrance est amour. Cette joie est amour. Mais ce sont deux amours différents : l’amour selon Platon (la passion, le manque : éros), l’amour selon Spinoza (l’action, la joie : philia). On ne se hâtera pas trop de choisir l’un ou l’autre. Les deux sont à v

Rien de ce qui importe vraiment n’a de sens. Que signifie le monde ? Que signifie la vie ? Que signifie l’amour ? Que signifie Dieu, s’il existe ? Et en quoi avons-nous besoin, pour les aimer, qu’ils veuillent dire quelque chose ou qu’ils tendent vers je ne sais quel résultat ? C’est plutôt l’inverse qui est vrai : ce n’est pas parce qu’ils ont du

Le libre arbitre est cette liberté toujours future et pour cela, à mes yeux, toujours irréelle : il n’est que la liberté de vouloir ce qu’on ne veut pas encore. C’est ce halo d’indécision, d’ignorance, d’imaginaire, de futurité, comme dit Heidegger, de néant, comme dit Sartre, qui flotte sur nos actions à venir.

en chacune des trois acceptions du mot, le sens n’existe qu’en dehors de soi (c’est le sens étymologique du mot « extase »), ou plutôt qu’en tant qu’il renvoie à autre chose qu’à lui-même, autre chose qu’il sent, signifie ou vise, mais ne saurait être. C’est ce qu’avait vu Merleau-Ponty : « Sous toutes les acceptions du mot sens, nous retrouvons la