La tentation écofasciste: Écologie et extrême droite (French Edition)

En outre, comme en attestent par exemple de nombreux sondages en France333, la protection de l’environnement et l’immigration font partie des principales inquiétudes des citoyens. Dans un tel contexte, nous pensons que l’extrême droite ne pourra parvenir au pouvoir ou, a minima, imposer son agenda idéologique qu’à condition d’articuler de façon coh

À l’automne 2019, Ursula von der Leyen, fraîchement nommée présidente de la Commission européenne, provoquait en effet un tollé en intitulant le portefeuille de son commissaire chargé des questions de migration «Protection du mode de vie européen332».

En revanche, il est indéniable que le FN/RN a amorcé un tournant «vert», tout au moins dans sa communication, depuis maintenant une bonne dizaine d’années. Là encore, sans doute serait-il naïf de penser que la reprise d’une partie de l’écologie politique néodroitière au sein du FN/RN relève d’un processus purement endogène qui s’expliquerait par le

depuis l’accession de Marine Le Pen à la présidence du parti en 2011, ces saillies antiécolos s’estompent, de même que les propos négationnistes et ouvertement racistes, qui ont pendant longtemps rythmé l’actualité médiatique du FN/RN, sont désormais fermement condamnés, tout au moins en public.

Quid de l’écologie? Climatonégationnisme, minimisation de la gravité de la crise écologique, critique des «Cassandre» et autres prophètes de malheur qui répandent dans la société catastrophisme et écoanxiété, contribuant ainsi au déclin de la nation française et de sa puissance; du magazine Valeurs actuelles au magazine Causeur en passant par Éric

Première inflexion en 1990, lorsque Bruno Mégret, alors numéro deux du parti, affirme que l’écologie «pose comme essentielle la préservation du milieu ethnique, culturel et naturel de notre peuple» et s’interroge: «Pourquoi se battre pour préserver des espèces animales et accepter, dans le même temps, la disparition des races humaines dans le métis

Défense d’une agriculture plus écologique, engagement en faveur de la transition énergétique, éloge de la production nationale et de la relocalisation, le tout au nom du «patriotisme écologique», telles sont désormais les grandes lignes de l’écologie politique frontiste. Favorable à la production nucléaire, seule en mesure de satisfaire aux exigenc

Si l’écologie relève donc encore avant tout du marketing électoral pour le RN, il n’est pas impossible que la multiplication des éléments de langage qui en revendiquent l’impérieuse nécessité finissent par avoir un effet performatif, surtout sur les jeunes militants. Enfin, rien n’interdit de penser que le cadre idéologique permettant de lier la dé

Le programme du FN/RN se teinte alors résolument de vert; Marine Le Pen affirme qu’il faut protéger «les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations233», tandis que Jordan Bardella, l’un de ses plus fidèles seconds, déclare que «le meilleur allié de l’écologie, c’est la frontière234».