
La Succession (OLIV. LIT.FR) (French Edition)

Depuis que le monde était monde, il y avait toujours eu deux façons de le considérer. La première consistait à le voir comme un espace-temps de lumière rare, précieuse et bénie, rayonnant dans un univers enténébré, la seconde, à le tenir pour la porte d’entrée d’un bordel mal éclairé, un trou noir vertigineux qui depuis sa création avait avalé 108
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Il y a trois ans, lors du suicide de Margaux Hemingway, j’avais été frappé par l’incroyable destinée qui emprisonnait cette famille, laquelle, à certains égards, me rappelait parfois la nôtre. Ernest Hemingway et sa petite-fille n’étaient pas les seuls à s’être supprimés. Le grand-père de l’écrivain, Ernest Hall, son père, Clarence, son frère, Leic
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Comme la Floride était une enclave latine en Amérique, Toulouse s’apparentait à une principauté d’Espagne que les exilés de ce pays avaient d’ailleurs choisie pour capitale pendant la guerre.
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J’ouvris en grand toutes les fenêtres et la tiédeur du soir prit peu à peu place dans la demeure. Sa démesure me changeait de l’exiguïté de mon appartement de Floride. En comparaison, vivre ici, monter et descendre les escaliers, passer d’une pièce à l’autre, était en soi une forme d’activité sportive.
Jean-Paul Dubois • La Succession (OLIV. LIT.FR) (French Edition)
Ce sont des molochs sourds et aveugles qui dévorent leurs propres enfants. Mon frère, Magnus, construisait des maisons et ils ont ruiné sa vie. Quand il parlait de ces hommes, Magnus disait : “Ils veulent d’abord le pouvoir, puis les choses, puis les hommes, puis le temps, s’emparer de chaque heure, faire suer chaque minute.” Bientôt, des endroits
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Conformément aux analyses du notaire, les économies familiales avaient servi, dans leur grande majorité, à payer les droits de succession. L’adolescence était bel et bien terminée. À 33 ans il fallait que je me mette réellement au travail. J’avais eu une vie d’enfant gâté. Une jeunesse chanceuse pour peu que l’on veuille bien oublier la succession
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Au printemps de 1989, je pris contact avec une compagnie privée qui embauchait des médecins de garde pour des visites à domicile durant les week-ends. La pathologie de fin de semaine était un monde à part. Renouvellement d’arrêt de travail, violence domestique, excès de boisson, overdose ou décompensation d’un état dépressif.
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Je les connaissais, ces carnets. Ton père me les avait montrés quand il avait commencé. Il voulait se souvenir de chacune de ces personnes, de leur âge, de leur maladie, de l’heure de leur mort. Il en était en partie responsable. Ces carnets, c’étaient ses archives intimes, pas secrètes, mais intimes. Il m’avait expliqué qu’en aidant ces gens à mou
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Sans travail, congédié de chez Wolfie’s, l’argent se faisant rare, il était évident que la vie me montrait, elle aussi, la porte de sortie de ce territoire de l’éphémère dans lequel j’avais cru pouvoir m’installer à demeure.