La France qui a faim: Le don à l’épreuve des violences alimentaires (French Edition)

Il n’y a pas de mot politiquement correct ou incorrect pour qualifier ceux qui se nourrissent de l’aide alimentaire. Néanmoins, il est important de les voir autrement et de les décrire tels qu’ils se donnent à voir, ni dans une vision misérabiliste, ni dans un idéalisme naïf. J’ai ressenti dans le temps de cette recherche la fécondité d’un entre-de

La France compte 33 000 sans-abris, mais 133 000 personnes sans domicile fixe.

Rassemblées sous des termes communs – bénéficiaires, usagers, invités, partenaires ou personnes accueillies, qualificatifs employés de manière différenciée par les acteurs associatifs et administratifs –, ces personnes disparaissent en tant que sujets de droit égaux dès lors qu’elles sont rattachées à un dispositif. Un processus par lequel la vulné

L’utilisation du vocable « les pauvres » fait de la conséquence d’un moment difficile, un statut qui dissimule les formes de pauvreté et leurs causes.

L’enjeu ici sera de ne pas définir les pauvres mais de les laisser se dire, pour échapper aux représentations données par ceux qui côtoient la pauvreté par le haut, sans en faire l’expérience.

Le glissement n’est pas un moment anodin, les personnes ne se sont pas réveillées un jour précaires, puis pauvres, elles ne l’ont pas toujours été non plus ; il s’agit d’un parcours fait de seuils et de points de bascule, de l’apparition de nouveaux risques pour les individus. Si la pauvreté demeure, à elle s’est ajouté l’inconnu, comme s’il devena

Christine était en train de regarder le contenu d’un sac de vêtements que la Croix-Rouge venait de lui déposer. Elle soupirait. C’est en sortant un tee-shirt qui faisait deux fois sa taille qu’elle m’a prise à partie : « Ils se foutent de nous ! C’est parce qu’on est pauvre qu’on doit s’habiller si mal ? » Elle était vexée et énervée. Ce soir-là, e

Le parti pris est alors de ne pas considérer la personne comme inadaptée, mais le système. L’ambiguïté de ces situations est que des droits sont bafoués sans que cela soit perceptible. Justifier ce manquement en décrétant que les personnes devraient rentrer dans un cadre révèle un principe de double exclusion, un effacement des faits, une inversion