Just Kids (GRAND PUBLIC) (French Edition)

En ce monde, il est toujours permis d’espérer retrouver ce qu’on a perdu. Mais parfois, on est bien forcé de ranger le souvenir de certaines choses dans le tiroir des petits regrets. Toutefois, de temps à autre, on découvre, entre les plis d’un vieux mouchoir, un coquillage ou un petit caillou de rien qui symbolisa un jour l’après-midi le plus heur

Cher Robert, Souvent, quand j’ai des insomnies, je me demande si toi aussi tu es éveillé dans le noir. Est-ce que tu souffres, est-ce que tu te sens seul ? Tu m’as tirée de la période la plus obscure de ma jeune vie, tu m’as fait partager le mystère sacré de ce que cela signifie d’être un artiste. J’ai appris à voir à travers toi et je ne compose j

Ce fut notre première et dernière exposition ensemble. Mon travail avec mon groupe et mon équipe dans les années soixante-dix devait m’emmener loin de Robert et de notre univers. Et en tournant dans le monde entier, j’ai eu le temps de réaliser que nous n’avions jamais voyagé tous les deux. Nous n’avions jamais dépassé les limites de New York, sino

La prémonition juvénile où j’avais vu Robert tomber en poussière est revenue avec une impitoyable clarté. J’ai alors vu sous un autre jour son impatience à parvenir à la reconnaissance, comme s’il savait avoir une ligne de vie prédestinée de jeune pharaon.

Peut-être que l’art nous avait eus, mais personne ne pouvait regretter une chose pareille. Seul un idiot regretterait d’avoir été possédé par l’art ; ou un saint. Robert m’a fait signe de l’aider à se lever. Il a vacillé. « Patti, je suis en train de mourir, a-t-il dit. Ça fait tellement mal. » Il m’a regardée, de ses yeux pleins d’amour et de repr

Dans le film, j’avais exploré des idées dont nous avions souvent discuté avec Robert. L’artiste recherche le contact avec la conscience intuitive qu’il a des dieux, mais afin de créer son œuvre il ne peut pas rester dans ce royaume séduisant et incorporel. Pour faire son travail, il doit retourner dans le monde réel. Il est de la responsabilité de

Je ne cessais de penser à une phrase que disait Robert lorsqu’il était obsédé par quelque chose qu’il ne pouvait pas avoir. « Je suis un affreux égoïste. Si je ne peux pas l’avoir, je veux que personne ne l’ait non plus. »

Il s’était fait conspuer pour avoir nié son homosexualité ; on nous accusait de n’être pas un vrai couple. En reconnaissant son homosexualité au grand jour, il craignait que notre relation ne soit détruite. Nous avions besoin de temps pour éclaircir la signification de tout cela, trouver une façon de l’assumer et de redéfinir le nom de notre amour.

Dis n’importe quoi, a-t-il répliqué. Tu ne peux pas te planter quand tu improvises. — Et si je fiche tout en l’air ? Si je bousille le rythme ? — C’est impossible. C’est comme les percussions. Si tu rates une pulsation, tu crées un nouveau rythme. » Avec cet échange simple, Sam m’a révélé le secret de l’improvisation, secret auquel j’ai eu recours