J'aurais pu devenir millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond (French Edition)

Ses amis s’en inquiètent, et sa femme aussi. Il s’occupe de tout sur le domaine, ne fait rien à moitié, il est sur les nerfs et maigre comme un corbeau. Louisa n’a pas épousé un entrepreneur, mais un voyageur et un écrivain : cette prospérité qu’il assure à sa famille, elle le paie cher ; elle l’encourage à être ce qu’il est, à être ce qu’elle aime

À la maison, il invente pour ses filles de longues histoires interminables qui se poursuivent de jour en jour. Mais quand il doit écrire, il va à San Francisco s’enfermer dans une chambre d’hôtel dont il ne sort qu’aux heures des repas. Il a du talent, mais il peine pour chaque article, il doute de chaque phrase.

Aux États-Unis, c’est un héros national, c’est le protecteur de Yosemite, le sauveur des séquoias, le père fondateur de l’écologie politique, même s’il y a malentendu dans ce domaine. Et puis c’est un personnage fantasque et barbu, un vagabond magnifique, libre et plein d’humour, qui a laissé parmi les plus belles pages de nature writing, ce genre

Poussé par l’émerveillement qui a été le sien durant une vie de promenade, effrayé de voir l’inestimable disparaître massivement, Muir va militer pendant vingt ans contre ce pillage effroyable des ressources forestières. C’est « la grande bataille entre la justice paysagère et le diable », entre la naïve beauté du monde et ce mal absolu qu’est l’en

Johnson suggère la création d’un parc national qui protégerait la vallée fragile, sur le modèle du parc de Yellowstone, créé en 1872 par le président Ulysse Grant, dans le but d’en faire un lieu « exempt d’exploitation mercantile, voué à la satisfaction du peuple ».

De Boston, il va à Concord, il visite avec émotion la tombe d’Emerson, et puis celle de Thoreau. Il pousse jusqu’à l’étang de Walden, un lac lisse et tranquille dans un écrin de collines boisées, où Thoreau a vécu dans une cabane construite de ses mains, vivant du champ de haricots qu’il cultivait à côté. « Pas étonnant que Thoreau ait vécu ici deu

C’est le principe même de l’Amérique, du fantasme de l’Amérique depuis 1492 : un continent vide, ouvert, où l’on s’installe et où l’on fait ce que l’on souhaite. L’Europe brimait, l’Amérique rend libre, chacun a droit une parcelle, et quand on décide de limiter leur taille, les compagnies forestières recrutent les matelots de tous les bateaux qui a

« Écrire est plus difficile pour moi que de grimper aux arbres ou dans la montagne. » Il doit se faire violence. Il aimerait s’installer au bord du chemin, sur un rocher, sous un séquoia, et tranquillement remplir ses carnets, puis les ranger et en remplir d’autres. En tirer des articles est un travail, il s’oblige. Il doute même de l’utilité de l’

On en est réduit à ça, maintenant. À explorer les trous de la carte, et à se mettre dans des situations impossibles. Muir tel qu’on le lit aujourd’hui, toute la vie de Muir est une nostalgie de la Sauvagerie, plus nulle part accessible, car la Terre n’est plus nulle part inconnue, sauf à s’imposer des défis absurdes, que mon corps trop âgé et pas a