Exercices Spirituels. Leçons de la philosophie antique (French Edition)

D’ailleurs, si pour Pierre Hadot « le dialogue est un exercice spirituel 26 », il précise que ceux qui s’y engagent, ce n’est pas pour exposer une vérité ou la démontrer. C’est pour persuader, il faut donc avoir recourt à la psychagogie, c’est-à-dire à l’art de séduire les âmes. Et ce n’est pas tant par un discours continu qu’il y a persuasion que

dès l’Apologie de Platon. Socrate est celui qui incite les autres à s’occuper d’eux-mêmes, à se préoccuper d’eux plus qu’à se connaître. Si pour lui, il n’est pas à exclure de travailler à se connaître, cela n’est pas un principe déterminant qui permet l’amélioration de soi. Seul le souci de soi est vecteur d’une possible transformation de soi-même

Le troisième axe de la connaissance de soi est celui des conduites particulières à l’égard de soi qui s’inspirent à la fois des techniques et des expressions issues du vocabulaire médical : « se soigner », « se guérir », « s’amputer » 55 ; des expressions issues des termes de type juridique, à l’instar d’un Sénèque qui dit qu’il faut se revendiquer

Tous ces exercices spirituels constituent un ensemble de techniques, que l’on met en œuvre seul ou accompagné par un maître. Car l’exercice spirituel a ceci de singulier qu’il est une démarche très individuelle mais qui nécessite dans le même temps la confrontation aux autres, que ce soit un maître, une communauté.

L’expression grecque la plus universellement célèbre est certainement l’injonction delphique gnôthi seauton, « connais-toi toi-même ». Cette expression peut être comprise comme à l’origine des exercices spirituels, car « se connaître » est souvent assimilé à une attitude qui permet de viser une sagesse et un mieux-vivre.

La pratique de soi va également être décrite comme une opération médicale à travers le verbe therapeuein, qui signifie faire un acte médical afin de guérir, de soigner. Le terme désigne aussi l’activité du serviteur obéissant aux ordres de son maître ; et enfin le fait de rendre un culte. Therapeuein heauton, c’est donc se soigner, être son propre

Les épicuriens comme les stoïciens sont d’ailleurs très clairs sur le sujet, car pour eux un esclave peut être bien plus libre qu’un homme libre de ses faits et gestes, dès lors que ce dernier est soumis à ses passions, dépendances, vices, etc. Sénèque met d’ailleurs en garde contre la servitude à l’égard de soi-même, en disant qu’être esclave de s

le retour des auteurs antiques dans ce siècle s’élabore d’abord avec Montaigne, véritable suiveur des exercices spirituels antiques, qu’Hadot n’hésite pas à citer dans l’épigraphe de son ouvrage intitulé Exercices spirituels et philosophie antique : « Je n’ay rien faict d’aujourd’hui. ‒ Quoy ? Avez-vous pas vescu ? C’est non seulement la fondamenta

L’analyse de ces deux listes montre que l’exercice spirituel est d’abord une attention, une vigilance, une conscience de soi qui doit toujours être éveillée. Ces listes sont courtes, car elles se doivent d’être facilement mémorisables. L’image qui est souvent choisie pour comprendre l’utilisation de ces listes d’exercices spirituels est celle de la