L’idée reçue selon laquelle les besoins sexuels des hommes seraient naturellement supérieurs à ceux des femmes est tenace41. Dans un contexte où la représentation de la masturbation féminine reste rare42, l’association de cette pratique aux hommes persiste, jusque dans l’expérience des femmes que j’ai interviewées.

Si les musiques de synthèse des films pornos sont souvent dénigrées, les sons viscéraux qui viennent « de l’intérieur » des corps des actrices et des acteurs sont valorisés en tant que vecteurs d’immersion sensorielle.

Aux yeux de ces hommes, parler de pornographie avec des femmes n’équivaut pas à des plaisanteries entre amis, mais est associé à la séduction, voire assimilé à une pratique sexuelle. Louis se dit par exemple excité par l’idée de parler de pornographie avec une femme. Se lancer dans ce type de conversation revient pour lui à s’engager dans une relat

Parler d’autosexualité plutôt que de masturbation permet de se référer à un ensemble de gestes d’intensification du plaisir au-delà de la seule stimulation des organes génitaux.

Cette marge d’interprétation n’est pas prise en compte par les approches médicales qui mesurent les « effets » de l’« exposition » à la pornographie. L’effet y est envisagé comme une réponse passive et mécanique du corps à un stimulus audiovisuel extérieur. Les sciences sociales envisagent par contraste la masturbation pornographique comme une prat

Le plaisir masculin dérivé de la passion pour le porno hétéro n’est pas seulement un plaisir de voir les actrices, c’est aussi un plaisir de partager du temps entre hommes. Les « piliers » du forum ont une position ambivalente par rapport aux hiérarchies de genre. D’un côté, ils critiquent les hiérarchies entre masculinités en revendiquant le droit

La manière dont les hommes investissent la masturbation pornographique dépend alors de leurs autres pratiques de la masculinité. La conviction intime que Louis a d’être un homme « dans toute sa puissance » se développe dans sa pratique du sport et sa passion pour le cinéma et la musique.

Le processus de recherche des images peut être vécu de différentes manières : il peut engendrer un « manque » que l’on satisfait par la masturbation ; produire de la frustration si l’on ne parvient pas à trouver « la » bonne vidéo ; ou tout simplement constituer une expérience plaisante qui se suffit à elle-même.

Le divertissement sexuel devient alors « un endroit où se réfugier » et puiser ce « que le quotidien ne nous procure pas »27. Ces pratiques du divertissement construisent des utopies, non pas au sens de l’élaboration collective d’une alternative politique à l’organisation sociale établie de la sexualité, mais au sens de l’investissement individuel