à sa façon au service de son ambition première : « amener [la musique] à représenter d’aussi près que possible la vie même64

[C]hercher sans lassitude l’Inexprimable, qui est l’Idéal de tout art1.

Si la récompense pouvait faire avancer sa carrière et lui permettre de vivre de sa musique par la suite, il savait également qu’il devrait mettre une partie de son inspiration sous l’éteignoir pour convenir aux attentes du jury. En obtenant ce prix, n’allait-il pas passer à côté de la vraie vie et de la vraie composition ? Paul

On me qualifie de révolutionnaire, mais je n’ai rien inventé. J’ai tout au plus présenté des choses anciennes d’une nouvelle manière. Il n’y a rien de nouveau en art1.

Ces deux opinions, très tranchées, montrent surtout que Debussy sut durant ces années garder un certain équilibre entre la musique enseignée et celle qui germait déjà dans son esprit.

Il faut s’efforcer d’être un grand artiste pour soi-même et non pour les autres. Je veux oser être moi-même et souffrir pour ma vérité65.

Debussy s’est toujours gardé d’être un théoricien et considérait que chaque artiste devait écrire ce qu’il sentait personnellement.

Cette indifférence reflète bien aussi l’attitude de Debussy qui, à quelques exceptions près, n’aimait guère fréquenter les autres musiciens, préférant se lier avec des écrivains et des peintres.

Quant à la reconnaissance qu’il a acquise en dix ans, sans renier son idéal, elle lui donne aussi un supplément d’énergie, comme le prouve son activité de l’été 1903. Un artiste a beau vouloir rester indépendant des modes et succès, le soutien d’au moins une partie du public, des critiques, même s’il se limite à quelques happy few, est une aide