On a perdu des millions d’oiseaux. Mais pas les enfants. Ils se lèvent partout, prenant acte de la démission de leurs parents, piégés par les dettes, le confort ou la peur. Il ne s’agit pas de mettre son corps sur la route, mais tout son cœur. Batailler pour ne jamais devenir un adulte triste.

Des décennies de confort et d’illusion matérialistes nous ont rendus tristes et seuls, doutant du sens de la vie. Au point d’élire un clown tyrannique. Trump est notre production collective, la résultante de l’énorme entreprise d’atomisation sociale qu’est devenu Internet aux mains des intérêts privés. Elle parachève l’œuvre d’accaparement. Trump

Cher Jean d’Ormesson, « Il y a quelques semaines, vous m’avez envoyé sur la route, sur les traces de mon personnage. Lui et moi, je crois, nous sommes parlé. À New York, j’ai compté les secondes jusqu’au départ. Moscou, où je viens d’atterrir, me semble étrangement familière. Je ne saurais vous expliquer par quel concours de circonstances, par

Il embrasse les siens, les rassure : Kafka n’est que littérature, l’Amérique, le pays des libertés, l’intelligence, la plus belle des richesses, le partage, la clé pour sauver le monde. Pour la première fois de sa vie, il garde son dernier projet pour lui seul.

Aaron relit Kafka et s’aperçoit, couché sur le papier, sous le pseudo de Joseph K : « Je pensais que Le Procès était une œuvre paranoïaque et hyperbolique. En fait, c’est précisément juste : chaque détail reflète ma propre expérience. Ce n’est pas de la fiction mais un documentaire. [...] Les bureaucraties, une fois qu’elles sont lancées,

Aaron se souvient des jours heureux, ce mois sans ordinateur ni connexion. Taren l’encourage à recommencer. Il se raidit : « Je n’ai pas envie d’être heureux. Je veux juste changer le monde. »

En cachette, via le script de sa confection, il bombarde de requêtes les serveurs du MIT. Les machines se parlent, s’accordent et déposent sur son disque dur, par millions, les publications académiques jusque-là verrouillées derrière la caisse enregistreuse de JSTOR.

Tapis de yoga sous le bras, des filles gainées dans des corsaires aux fibres autorespirantes commandent un « granola parfait », une bouillie de céréales et de baies anti-âge. Le monde s’écroule mais l’industrie de la pacification des consciences cartonne. Yoga, retraite, méditation... c’est la résignation maquillée en victoire sur soi. Mise à jour

l’Open Society Foundation, la plus grosse organisation philanthropique au monde créée en 1979 par le milliardaire George Soros pour lutter contre la propagande communiste. Les complotistes se répandent : le spéculateur ambitionnerait la suppression des frontières, de légaliser les drogues et l’euthanasie, de renverser l’Amérique ou Poutine. L’homme