Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Écrire, c’est se désintéresser. Un certain renoncement en art. Réécrire. L’effort qui apporte toujours un gain, quel qu’il soit. Question de paresse pour ceux qui ne réussissent pas.
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
La mort et l’œuvre. Près de mourir, il se fait lire sa dernière œuvre. Ce n’est pas encore ce qu’il avait à dire. Il fait brûler. Et c’est sans consolation qu’il meurt — avec quelque chose qui claque dans sa poitrine comme un accord brisé.
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Question de volonté = pousser l’absurdité jusqu’au bout = je suis capable de… D’où prendre le jeu au tragique, dans son effort ; au comique dans le résultat (indifférent plutôt). Mais, pour cela, ne pas perdre son temps. Rechercher l’expérience extrême dans la solitude. Épurer le jeu par la conquête de soi-même — la sachant absurde. Conciliation du
... See moreAlbert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Pour ceux qui prendront ces pages pour ce qu’elles sont vraiment : des essais, la seule chose qu’on puisse leur demander, c’est d’en suivre la progression. De la première à la dernière, peut-être y sentira-t-on une démarche sourde qui en fait l’unité, j’aurais envie de dire qui les légitime,
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Erreur d’une psychologie de détail. Les hommes qui se cherchent, qui s’analysent. Pour se connaître, s’affirmer. La psychologie est action — non réflexion sur soi-même. On se détermine au long de sa vie. Se connaître parfaitement, c’est mourir.
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Concilier l’œuvre qui décrit et l’œuvre qui explique. Donner son vrai sens à la description. Lorsqu’elle est seule, elle est admirable mais n’emporte rien. Il suffit alors de faire sentir que nos limites ont été posées avec intention. Elles disparaissent ainsi et l’œuvre « retentit ».
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Chaque fois que l’on (que je) cède à ses vanités, chaque fois que l’on pense et vit pour « paraître », on trahit. À chaque fois, c’est toujours le grand malheur de vouloir paraître qui m’a diminué en face du vrai. Il n’est pas nécessaire de se livrer aux autres, mais seulement à ceux qu’on aime. Car alors ce n’est plus se livrer pour paraître mais
... See moreAlbert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Si j’avais à écrire ici un livre de morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais : « Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer. » Et, pour le reste, je dis non. Je dis non de toutes mes forces.
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
« Je sais que maintenant je vais écrire. Il vient un temps où l’arbre, après avoir beaucoup souffert, doit porter ses fruits. Chaque hiver se clôt dans un printemps. Il me faut témoigner. Le cycle après reprendra.
Albert Camus • Carnets (Tome 1) - mai 1935 - février 1942 (French Edition)
Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. Et que les hommes s’en accommodent, que la colère du peuple n’ait pas encore brisé les fantoches, j’y vois la preuve que l
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