
Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)

Au prétexte que cet économiste avait commencé à écrire, à Toulouse, en 1765, ses fameuses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, elle avait fait de ce père du libéralisme une sorte de gourou derrière lequel elle s’abritait pour justifier tous les excès du capitalisme moderne. Ainsi vantait-elle les positions optimistes d
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Anna souffrait d’une maladie assez répandue durant cette ère giscardo-barriste : la fièvre entrepreneuriale caractérisée par un incoercible besoin de créer un alvéole supplémentaire à l’intérieur de la mielleuse ruche libérale. Un petit trou à soi dans le Grand Tout. Ce désir d’œuvrer, de bâtir, de construire, d’édifier, d’avancer, d’imaginer, de p
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Et puis j’ai longtemps négligé le prix et l’importance de chaque journée. Je me suis résigné à tout un tas de choses, j’en ai accepté d’autres par lâcheté, j’ai vieilli, et un jour, je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien, ni devant, ni derrière, rien dans ma vie, rien dans aucune Église et qu’il était trop tard.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Ensuite Laure me fit le genre de confidences qu’un homme a rarement l’occasion d’entendre durant son existence. – Tu vois, Paul, je crois que deux hommes m’auront marquée dans ma vie. Toi, parce que d’une certaine façon tu as été le plus gentil, et Simon, parce qu’il a été le seul à me faire jouir.
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L’école ou la faculté ne me sont jamais apparues comme des lieux d’apprentissage ou d’épanouissement mais plutôt comme des centres de tri chargés de remplir, selon la demande, usines et bureaux.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
À la maison, la vie devenait de plus en plus pénible. L’atmosphère vespérale, lourde, oppressante, contrastait avec la fougue et la pétulance des joutes gauchistes qui, tout au long des après-midi, se succédaient dans les salles de cours. En rentrant chez moi, j’étais dans l’état d’esprit de ces détenus soumis à un régime de semi-liberté et qui, ap
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Rien ne pouvait me séduire davantage. Cette idée me semblait totalement irréelle, coupée à l’exacte mesure de mes ambitions. Être payé pour regarder le monde et l’admirer. Ne parler à personne. Vivre dans le retrait des bois. Apprendre des arbres et de la terre. Oublier les remontoirs du temps, simplement traîner sur ses traces. Et toujours emplir
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Tout ce petit monde-là est tellement prévisible, ami. Les situations sont aussi répétitives que les codes du théâtre de boulevard. Des gens vont, viennent, entrent, sortent, des portes claquent, des amants sortent des placards. Et, voyez-vous, je ne crois pas que cette routine soit l’apanage de la sphère sportive. On retrouve cette propension au mi
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En temps et heure j’avais franchi, sans en être conscient, toutes les étapes de la vie d’un petit bourgeois. Étudiant pour les diplômes, libertaire à l’heure de la récréation, libertin le temps d’un frisson, puis vite recadré par un bon mariage, lesté de deux solides enfants, et enfin, notablement enrichi. Finalement j’avais été un bon élève. Plutô
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