
Une vie à coucher dehors (French Edition)

Pour avoir assisté à des meurtres sauvages, ces marins savaient que l’envie de tuer son prochain naît de la promiscuité. L’enfer, ce n’est pas les autres, c’est quand ils vivent trop près. Or, les cavités étaient suffisamment espacées pour qu’on puisse ne jamais se croiser.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
La lune montait de l’est chaque soir, se juchait sur les houppiers et rôdait lentement dans la nuit. Elle ouvrait sur la mer une balafre d’argent.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
Tout était bien en ordre sous les étoiles. Le bateau convient aux âmes fragiles que le chaos du monde rebute.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
Piotr avait un chien pour n’être pas seul, un fusil pour n’avoir pas faim, une hache pour n’avoir pas froid. Ce jour-là, il caressa le premier, graissa le second, aiguisa la troisième. La vie n’est pas compliquée quand on a tiré le rideau de la forêt sur toute ambition.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
Chaque matin, avant d’enfourner une bûche dans le poêle, il notait la date du jour d’une minuscule écriture. C’était un rituel. Une journée dans la forêt en est composée. De manies en habitudes, on abat les heures qui mènent à la nuit.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
La vertu avait sur lui les effets que le vice provoque sur les gens ordinaires : elle l’excitait.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
Si dans la Grèce de l’âge du marbre se sont développées des écoles de pensée d’une solidité éternelle, c’est grâce à la simplicité de sa géographie. Il n’y a rien qui puisse prêter à la confusion mentale dans ce paysage. La Nature réduite à l’expression de ses éléments — l’air, la terre, la mer — a mâché le travail des philosophes en leur offrant u
... See moreSylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
— Je ne sais pas quand je pourrai revenir, disait Pavel. — Je m’en fous, je suis pas pressé, disait Piotr. — Comment fais-tu pour tenir le coup ? — Ce sont les trente-cinq premières années les plus difficiles ; après, on s’habitue.
Sylvain Tesson • Une vie à coucher dehors (French Edition)
Dans les cœurs naquit l’ennui. Ils étaient englués dans le pot au noir des heures. Les minutes passaient comme des coques vides sur une onde silencieuse. Le naufrage les avait exclus de la marche du monde, la survie les extrayait de la marche du temps.