Travailler moins pour vivre mieux - Guide pour une philosophie antiproductiviste : Guide pour une philosophie antiproductiviste (Hors Collection) (French Edition)
Céline Martyamazon.com
Travailler moins pour vivre mieux - Guide pour une philosophie antiproductiviste : Guide pour une philosophie antiproductiviste (Hors Collection) (French Edition)
Le bonheur du travailleur est aussi perçu comme un facteur de productivité : un travailleur épanoui s’investirait mieux dans son organisation, de façon durable. Rendre le travailleur heureux ne serait qu’une technique de management parmi d’autres et non une fin en soi.
Il paraît donc prématuré de la présenter comme une solution miracle et révolutionnaire, ce que fait le journaliste Romaric Godin dans sa postface à l’édition française, qui y voit une solution à tous les maux contemporains : chômage, crise écologique, crise démocratique, course à la croissance et dévalorisation des métiers essentiels. Il n’est pas
... See moreLe projet de « redonner de la valeur au travail » oublie souvent sa revalorisation économique pourtant au cœur des revendications salariales. Ce discours ne transforme pas le contenu du marché du travail qui entretient son lot de postes bullshits qui ne peuvent être appréciés par un simple changement de mentalité. Que signifie « redonner de la vale
... See moreQui a peur que les travailleurs perdent goût au travail s’ils passent trop de temps avec leurs proches ? C’était un argument opposé à l’instauration des congés payés en 1936 : si vous donnez deux semaines de vacances aux ouvriers, ils prendront goût au temps libre et ne voudront plus jamais revenir travailler.
Nous avons vu au cours du chapitre 2 que le travail est l’activité de production contrainte commanditée par autrui : il se distingue donc des projets réalisés librement, même si ceux-ci créent peut-être ensuite de nouvelles contraintes et formes de dépendance avec autrui.
Le travail semble donc intrinsèque à la condition humaine : on ne voit pas pourquoi et comment on pourrait s’en passer. Même si le travail est inégalement réparti entre les individus selon leur statut social, il semble impossible que l’humain n’ait plus à travailler du tout. Aucun penseur n’envisage la fameuse « fin du travail » avant la fin du XXe
... See moreDès lors, comment réellement démocratiser le travail ? Une autre piste est l’autogestion, c’est-à-dire l’appropriation de l’outil de production par les travailleurs, qui autodéterminent alors le contenu et les conditions de la production.
La critique explicite du travail comme contrainte existentielle se trouve plutôt en dehors du système d’enseignement, chez les intellectuels qui développent leur œuvre dans une certaine précarité financière, notamment au XXe siècle. Georges Bataille, qui gagne sa vie comme fonctionnaire bibliothécaire et conservateur, condamne acerbement ce gagne-p
... See moreUne organisation du travail construite sur la subordination fonde une société disciplinaire, qui n’a rien d’une démocratie fondée sur des citoyens libres. Dans le capitalisme paternaliste qu’analyse Gorz dès 1964 dans Stratégie ouvrière et néocapitalisme, cette discipline passe par la captation par l’entreprise d’une main-d’œuvre passive et ignoran
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