Le 29 septembre 2022, trois semaines avant le dérapage de l’affaire Lola, Raymond se lâche encore sous les applaudissements : « Quelqu’un qui tire sur des gens qui n’ont rien fait, […] moi, je le tue, le mec. Je n’en ai rien à foutre ! Ce mec-là n’a rien à faire sur terre avec moi. » Le « pas d’accord » d’un Gilles Verdez opposé à la peine de mort

Chez Cyril Hanouna, le populisme n’est pas seulement une question de dispositif formel : il est aussi partie prenante d’un système de valeurs façonné au fil des émissions. Trois thématiques principales caractérisent le populisme discursif de « TPMP » : l’anti-élitisme intellectuel et médiatique, l’antiparlementarisme ordinaire et le populisme

Si l’antiparlementarisme ordinaire hanounesque prospère à la force d’arguments ontologiques contre le système républicain (manque d’efficacité de l’institution, incapacité à prendre des décisions, intégrité et train de vie des élus), il ne remet pas en cause le système républicain lui-même, contrairement à d’autres formes d’antiparlementarisme.

Dans le vocable de Cyril Hanouna, cette communauté imaginée s’incarne à travers trois acceptions : l’audience, notion quantitative et désincarnée ; les téléspectateurs, notion expérientielle ; le « populaire », notion abstraite mais stratégique.

Si la figure du leader repose sur des qualités personnelles spécifiques, elle n’est rien sans le processus d’élaboration du lien de représentation, c’est-à-dire l’établissement de la relation politique qui définit le leadership. Deux modèles se repèrent chez Cyril Hanouna : celui du « chef de bande » et celui de l’« entrepreneur ».

De ce point de vue, « TPMP » contribue à amplifier l’effacement du partage entre le vrai et le faux, encourage le processus de falsification de la réalité qui s’observe plus largement dans les sociétés médiatiques contemporaines.

« On sait très bien qu’on nous utilise sous prétexte de pluralisme. Ce qui compte, c’est d’avoir une des nôtres au cœur du système pour pouvoir le perturber. C’est une “influenceuse” », veut croire l’Insoumise Sophia Chikirou22.

Le talkshow trouve une nouvelle vocation en intégrant sur son plateau une puissante figure des récits criminels : la victime. « Les victimes ont un droit supérieur à la parole, et la télévision doit remplir ce rôle, à la fois d’alerte publique et de soutien psychologique. […] En partageant leur douleur, en s’exprimant rapidement alors que la

Résumons ce glissement sémantique : authentifier que l’on est populaire auprès du public permet de se réclamer du peuple, cette figure polysémique et plurielle qui, en retour, offre une légitimité à celui qui entend peser dans le débat. Dans cet imaginaire, le public-peuple guidé par le bon sens et l’intérêt commun a forcément raison : critiquer