Sénèque : Oeuvres complètes illustrées (31 titres annotés et complétés) (French Edition)
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Sénèque : Oeuvres complètes illustrées (31 titres annotés et complétés) (French Edition)
C'est beaucoup nuire déjà que d'arrêter : cette vie est si courte ! et notre inconstance l'abrège encore en nous la faisant recommencer sans cesse. Nous la morcelons en trop de parcelles, nous la déchiquetons. Hâte-toi donc, cher Lucilius, et songe combien tu redoublerais de vitesse, si tu avais l'ennemi à dos, si tu soupçonnais l'approche d'une
... See moreDe même, en effet, qu'avoir commencé c'est avoir fait moitié de la tâche entière[967], comme on dit ; en morale aussi pareille chose a lieu, et un grand point pour être bon est de vouloir le devenir.
Il y a, ô Lucilius, plus de choses qui font peur qu'il n'y en a qui font mal, et nos peines sont plus souvent d'opinion que de réalité.
La lecture, à mon sens, est nécessaire, d'abord en ce qu'elle prévient l'exclusif contentement de moi-même ; ensuite, m'initiant aux recherches des autres, elle me fait juger leurs découvertes et méditer sur ce qui reste à découvrir. Elle est l'aliment de l'esprit, qu'elle délasse de l'étude, sans cesser d'être une étude aussi.
il ne s'agit plus de lutter contre toi-même, de te gourmander ou de t'aiguillonner vivement ; il ne faut que ces soins qui viennent en dernier, qu'avoir foi en toi et te croire engagé dans la bonne voie, sans te laisser distraire par les traces multiples de ceux qui la traversent pour se perdre dans mille autres sens, ou de quelques égarés qui la
... See moreCes avis que je te donne, tu demandes si moi-même je me les suis donnés. Me suis-je corrigé, moi, pour avoir le droit et le loisir de réformer autrui ? — Je n'ai pas la présomption, malade que je suis, d'aller me mêlant de la cure des autres ; mais couché comme toi dans la salle de douleurs, je t'entretiens de nos infirmités communes et te
... See moreNe t'ébranleras-tu jamais qu'à la voix d'un autre ? Chef à ton tour, dis-nous des choses qui se retiennent, tire de ton propre fonds. Oui, tous ces hommes, jamais autorités, toujours interprètes, tapis à l'ombre d'un grand nom[964], selon moi n'ont rien de généreux dans l'âme, n'osant jamais faire une fois ce qu'ils ont appris mille.
« Jamais je n'ai voulu plaire au peuple ; ce que je sais n'est pas de son goût ; et ce qui serait de son goût, je ne le sais pas. »
Pas un jour ne me sera enlevé par personne ; que me donnerait-on qui m'indemnisât d'une telle perte ?[398] Mon âme ne se dévouera qu'à elle-même, ne courtisera qu'elle seule, ne fera rien qui ne soit pour elle, rien en vue de l'opinion : chérissons une vie tranquille, étrangère aux soucis politiques et privés.