Être humain, c’est être ici en même temps que tenté par là-bas.

Le propos de Freud, en 1910, est proprement révolutionnaire : il y a un rapport entre le petit enfant inhibé, amoureux transi de sa mère, marqué par un refoulement excessivement fort de certaines pulsions, et le grand artiste, enfanteur de chefs-d’œuvre.

l’amour authentique est amour de ce qui ne nous appartient pas, de ce qui nous échappe, garde sa part d’inconnu et de mystère. Nous voudrions – c’est notre nature – posséder ce que nous aimons, comme ces maris n’aimant jamais autant leurs femmes que lorsqu’ils y voient un trophée personnel. Mais on n’achète pas la beauté, et on ne possède personne.

Le génie n’est plus inspiré par les muses, son don ne lui vient plus du ciel. Le génie est l’enfant de son enfance.

l’émotion esthétique, c’est l’arme de résistance massive au relativisme.

« Vois-tu, dit la Vie, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même. »

« je me sens d’autant plus présent au monde que je le quitte ».

Il est génie par cette double caractéristique : énorme refoulement, énorme capacité à sublimer. Le premier sans la seconde n’aboutirait qu’à la folie. Le génie échappe toujours de peu à la folie ; il n’est génie que d’être presque fou, et de se sauver par son art, par la sublimation.

« L’être ne serait s’il n’apparaissait », écrivit Goethe,