il se souvient qu’au début de l’année 1955, pendant qu’il travaillait encore à son manuscrit, il avait écrit à André Malraux : « Mon roman éléphant s’annonce très beau, mais en le publiant, j’aurai l’impression idiote – affreuse même – de faire quelque chose pour mes semblables. » Après trois années d’efforts parfois ponctuées de mal-être physique

Gary balaie cette idée du revers de la main, soutenant qu’en tant qu’écrivain il n’écrit que sur ce qu’il ne connaît pas. « Je crois aux inventions », déclare-t-il, avant de développer sa vision de la vie, construite comme une fiction : « La réalité n’est pas une source d’inspiration pour la littérature. À son meilleur, la littérature est une inspi

La grande ambition que nourrit désormais Romain Gary est pour sa mère : c’est celle d’être un écrivain célèbre. Tout le reste, ce n’est que perte de temps, occupations futiles et désagréments, sur le chemin qui le mène à la gloire littéraire.

À Hollywood, Romain Gary va dorénavant rechercher la présence des acteurs, fasciné par leurs facultés de jouer la comédie, d’endosser un rôle, de sortir de leur peau, en regardant la vie avec distance comme si la vie n’était qu’un film dont on déroule la bobine pour n’en scruter que certaines scènes avec une loupe grossissante, avant de rembobiner

« Se rappelant que lui aussi mourra, développait alors la journaliste du Times qui l’interrogeait sur sa carrière littéraire, il a écrit sur lui avec transparence, guidé par un principe : ne jamais se soucier de ce que les gens pensent, seulement essayer de dire la vérité. » Mais Romain Gary n’est pas pressé et souhaite prendre son temps avant de p

Et face à ses doutes, l’écrivain se raccroche à son art, la littérature, qui est sa façon d’être au monde. L’art n’est pas la solitude, dit Camus, c’est au contraire un moyen d’être relié à ses contemporains en puisant dans les souffrances et les joies communes. Et c’est pourquoi l’écrivain a un rôle : le service de la vérité et celui de la liberté

Ce printemps 1959, Romain Gary se rend à Paris. Il emprunte pour la première fois le vol direct New York-Orly opéré par la Pan Am. Quatorze heures en Boeing 707, contre cinq jours par la mer, cette nouvelle ligne aérienne révolutionne déjà la façon de voyager et de parcourir le monde.

De vivre et d’aimer la vie, avant d’en saisir le sens.

Dans les studios, les relations sont horizontales, jamais verticales : on ne s’invite qu’entre personnes de même rang.