Les ressorts cachés du vote RN (French Edition)

Ce regard désabusé sur la société française distingue très fortement les électeurs du RN de ceux des Républicains. On voit ainsi, au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, que 68 % des électeurs de Marine Le Pen1 et 70 % de ceux de Jean-Luc Mélenchon considèrent que la société française est injuste, alors que cette proportion descend se

Le vote RN reste un fait politique global car il intègre une revendication sociale de reconnaissance et de méritocratie.

Outre le fait que ces résultats confirment une fois de plus la résilience forte du clivage droite-gauche, on voit bien que les électeurs recherchent dans le RN autre chose qu’une lutte contre l’immigration réduite aux menaces identitaires voire raciales qu’elle ferait peser sur le pays, thème qui reste en revanche au cœur du discours de Reconquête!

Il faut rappeler que ces mouvances de la révolte, qui ne s’inscrivent pas dans une perspective politique bien maîtrisée ou dans un projet révolutionnaire de transformation de la société, restent l’un des soubassements du RN. L’idée selon laquelle ces révoltés se tiendraient à l’écart de la vie politique et s’abstiendraient massivement est fausse. L

C’est ici que l’on se heurte à ce qui semble être un paradoxe. Les enquêtes systématiques menées depuis des années par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) montre, sur la base d’indices riches en variables, que la tolérance à l’encontre des immigrés et de l’altérité en général a augmenté en France sur le long terme. Le

pour rêver d’échapper à leur bagne quotidien. À ce titre, l’échec de la gauche est patent, et c’est bien ce qui fait le jeu du RN. Il ne suffit pas en effet de distribuer de l’argent public et de raisonner en termes quantitatifs. Il faut aussi prendre en considération une réalité de terrain dont les multiples visages s’éloignent souvent des courbes

Le RN puise sa force politique dans l’échec de l’État-providence. Contrairement à ce que soutiennent souvent ses représentants, la France est loin d’être un État néolibéral, comme en témoignent le niveau des dépenses publiques, le fait qu’environ 30 % du produit intérieur brut (PIB) soit consacré aux dépenses sociales publiques ou la croissance rég

L’importance de l’État-providence en France n’est plus à démontrer. Toutes les enquêtes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent que le taux de redistribution de la richesse nationale place la France en tête des pays les plus dotés en protection sociale. Mais l’étendue de cette protection n’indique nullement

D’autres enquêtes, menées avec des méthodes différentes4, montrent également que l’affirmation selon laquelle « il y a trop d’immigrés en France » n’est pas en hausse mais a plutôt tendance à baisser, avec des évolutions de court terme qui dépendent du contexte dans lequel la question est posée, comme la survenue d’attentats ou de crises internatio