
Les cavaliers (French Edition)

Mais de mourir, dit le forgeron. – Il ne fallait pas, dit doucement le vieil homme. – C'est facile à penser, répliqua le forgeron avec vivacité mais gentillesse, c'est facile quand on est, grand-père, aussi près de la mort que tu l'es. – Moins près que toi, mon fils, dit le vieillard. Car toi, tu la redoutes. – Comme tout le monde... s'écria le for
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Ouroz fixait strictement ses yeux à peine bridés sur l'espace que la foule ouvrait pour lui dans sa propre substance. Pour lui, mieux encore que pour le commun des tchopendoz. N'était-il pas le plus célèbre ? A cet hommage unique et aux éloges qui l'escortaient, Ouroz semblait aveugle, sourd, et hostile. C'est que, une fois de plus, il se trouvait
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Comment se peut-il que ma vie ne m'était rien si je ne la menais pas en avant et au-dessus des autres ? murmura Ouroz. Il se souvint du premier caravansérail et de son accord avec les animaux fourbus, les voyageurs misérables... Il dit : – Ce cavalier qui cravachait, cravachait pour être toujours en tête... le pauvre fou... – Il est un bon proverbe
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de loup. Le plus pauvre, le plus chétif, le plus laid entre les convives était délivré du faix de ses tares et de ses misères, par le sentiment qu'il avait d'appartenir à tant de richesse et de force et par l'illusion de se voir en elles reflété. Et aux hommes que le sort avait le mieux comblés, leur fortune, leur puissance, leur réussite semblaien
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S'il n'est pas de mortel qui ait le droit de dire « toujours », il n'en est pas davantage qui puisse dire « jamais ». Et, voici que je vous en apporte une preuve nouvelle : pour la première fois dans les temps et les temps, on va jouer le bouzkachi de l'autre côté de l'Hindou Kouch, aux environs de Kaboul, la capitale.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Sa politesse était extérieure et toute machinale. Cent mille ou cinq cent mille ou deux afghanis – il s'en souciait bien ! Le fait essentiel, admirable, unique était qu'il allait jouer son retour à Maïmana, sa victoire contre Mokkhi, lui-même et le monde, son honneur et son âme, sur un seul coup de chance et d'instinct. Et seul contre tous. Puissan
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Toursène salua comme il convenait le maître des lieux et ses hôtes. Et eux, bien que supérieurs par le rang, la fonction ou la fortune, ils lui répondirent comme à un égal, courtoisie pour courtoisie, hommage pour hommage. Puis, tandis que Toursène s'allongeait, prenait ses aises, aspirait lentement et bruyamment le brûlant liquide, tout le monde g
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Ainsi courait, volait Ouroz à travers la steppe, dans sa majesté, son silence et toutes ses saisons. Et si, d'aventure, il fut en paix, en félicité avec le monde et lui-même, ce fut bien alors. Mais il était fait pour vouloir du sort et de lui-même toujours davantage. Un bonheur égal, étale, finit par ne plus être un bonheur. Ouroz détacha sa tête
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Il étreignit le cou de Jehol. Mourir – oui. De cette manière – jamais. Les hontes de la vie, on les pouvait corriger, racheter. Le déshonneur dans la manière de mourir ne s'effaçait point...