
Les cavaliers (French Edition)

Les bras de Toursène se haussèrent de nouveau. Ses doigts se remirent à édifier, rouler, lisser, polir les plis et les plans de sa haute coiffure. Le souvenir de Guardi Guedj ne le quittait point. Et il se rappela ce que lui avait enseigné le conteur sans âge de la nécessité où étaient les hommes d'accorder et recevoir protection. Tous les hommes.
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Je suis trop vieux, dit Toursène d'une voix sourde et brutale. – Tu ne l'es pas assez, dit Guardi Guedj. Tu souffres encore de le devenir. – Explique mieux, dit Toursène. – La vieillesse véritable, dit Guardi Guedj, est au-delà de tous les tourments. Elle a oublié les maux d'orgueil, de regret, d'amertume. Elle ne jalouse pas la force de son propre
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Comment se peut-il que ma vie ne m'était rien si je ne la menais pas en avant et au-dessus des autres ? murmura Ouroz. Il se souvint du premier caravansérail et de son accord avec les animaux fourbus, les voyageurs misérables... Il dit : – Ce cavalier qui cravachait, cravachait pour être toujours en tête... le pauvre fou... – Il est un bon
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Mais de mourir, dit le forgeron. – Il ne fallait pas, dit doucement le vieil homme. – C'est facile à penser, répliqua le forgeron avec vivacité mais gentillesse, c'est facile quand on est, grand-père, aussi près de la mort que tu l'es. – Moins près que toi, mon fils, dit le vieillard. Car toi, tu la redoutes. – Comme tout le monde... s'écria le
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Peu lui importait qu'Ouroz fût le meilleur tchopendoz et le héros de la province. Il l'avait été avant lui. Et ce tchopendoz n'était que son fils. Et quand Ouroz vit le torse monumental de Toursène posé comme un bloc d'éternité sur l'assise de ses jambes repliées sous le tchapane, il pensa malgré lui : « Les autres sont plus riches, plus titrés,
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S'il n'est pas de mortel qui ait le droit de dire « toujours », il n'en est pas davantage qui puisse dire « jamais ». Et, voici que je vous en apporte une preuve nouvelle : pour la première fois dans les temps et les temps, on va jouer le bouzkachi de l'autre côté de l'Hindou Kouch, aux environs de Kaboul, la capitale.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Toursène salua comme il convenait le maître des lieux et ses hôtes. Et eux, bien que supérieurs par le rang, la fonction ou la fortune, ils lui répondirent comme à un égal, courtoisie pour courtoisie, hommage pour hommage. Puis, tandis que Toursène s'allongeait, prenait ses aises, aspirait lentement et bruyamment le brûlant liquide, tout le monde
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Quoi, se demandait Toursène, quoi ! En suis-je arrivé à désirer pour Ouroz une petite maison, un lopin de terre, une femme à la cuisine, des enfants à torcher et ce rire de niais heureux ? » Il se souvint du rictus de loup sur les lèvres impitoyables, insatiables de son fils et sentit le baume de la fierté régénérer son vieux sang. Pour Ouroz, il
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Le Livre des Livres était bien le même, je pense, au temps de Babour que du nôtre ? demanda-t-il. – Dans chaque ligne, mot et virgule, dit Guardi Guedj. – Ce qui a changé, alors, c'est l'esprit de ceux qui l'enseignent ? dit Ouroz. – Ou leurs sentiments, dit Guardi Guedj. – Qui donc, entre les maîtres d'autrefois et d'aujourd'hui, dit encore Ouroz,
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