Seul un petit cercle de fidèles se rassembla autour du solitaire et organisa des soirées de discussion hebdomadaires, au cours desquelles la science nouvelle de la psychanalyse commença de prendre forme. Bien avant que je mesure moi-même toute l’étendue de la révolution intellectuelle qui s’élaborait lentement à partir des premiers travaux fondamen

Chaque matin, il travaillait à son grand roman dans sa belle calligraphie, répondait à des centaines de questions que lui adressaient depuis sa patrie de jeunes écrivains et travailleurs ; me trouver avec lui c’était pour moi une expérience vivante de la Russie, non de la Russie bolchevique, ni de celle d’autrefois, ni de celle de demain, mais de l

je reconnus aussitôt, à son écriture familière, qu’elle était de la main de Romain Rolland. Il avait dû lire mon article puisqu’il m’écrivait : « Non, je ne quitterai jamais mes amis*.» Je compris immédiatement que ces quelques lignes se voulaient une tentative pour vérifier s’il était possible, en temps de guerre, d’entamer une correspondance avec

qu’avec cet ami j’avais en face de moi l’homme le plus important de cette heure historique, que c’était la conscience morale de l’Europe qui s’adressait à moi. C’est là que je pus embrasser du regard tout ce qu’il faisait et avait fait dans son action grandiose au service de l’entente internationale. Travaillant nuit et jour, toujours seul, sans ai

Depuis le début je ne croyais pas à la « victoire », ayant pour seule certitude que même si elle pouvait être acquise au prix d’énormes sacrifices, cette victoire ne les justifiait pas. Mais parmi tous mes amis, je restais toujours seul à lancer des avertissements, et les braillements de victoire avant le premier coup de feu, la distribution du but

Paris, l’Angleterre, l’Espagne, la Belgique, la Hollande, toutes ces pérégrinations et ce nomadisme de curiosité avaient été en soi réjouissants et, à bien des égards, fructueux. Mais finalement — et quand le saurais-je mieux qu’aujourd’hui, où mes déplacements dans le monde n’ont rien de voulu, mais ne sont que l’errance d’un homme traqué ? —, on

Vivre tranquillement, travailler tranquillement pour un cercle tranquille au-delà de la foire sur la place* était pour eux plus important que de se pousser en avant, et ils n’avaient pas honte de leur vie étriquée de petits bourgeois pourvu qu’ils pensent librement et audacieusement dans le domaine artistique.

En évoquant cet ultime accomplissement d’une malédiction mystérieuse liée à mes tentatives théâtrales, j’ai anticipé sur le temps. Bien entendu, je ne vois dans cette répétition qu’un hasard. Mais il ne fait aucun doute qu’en leur temps les morts successives de Matkowsky et de Kainz ont eu une influence décisive sur le cours de ma vie. Si Matkowsky

Pendant la guerre, je m’étais acheté une maison à Salzbourg, car l’éloignement de mes anciens amis pour cause de divergences sur la guerre avait éveillé en moi le désir de ne plus vivre dans les grandes villes au milieu d’une foule de gens ; par la suite, mon travail a toujours bénéficié, où que ce fût, de cette forme de vie retirée.