Quelle chance tu as de faire ce voyage ! » Quelque chose en moi s’alluma et s’éteint aussitôt. Quelques mois auparavant, je me serais lancé dans une tirade contre la chance, déclarant que chacun faisait ses choix, qu’il fallait beaucoup de travail. J’aurais déballé un chapelet de principes. Désormais, je m’en foutais. Je répondais que oui, j’avais

Après quelques années en entreprise, tu comprends les règles du jeu. Tu réalises qu’il te reste quarante ans avant la retraite. Quand tu regardes ceux qui sont plus vieux que toi, tu vois que la plupart des gens n’aiment pas leur travail. Il sont là pour le salaire, le prestige et parce qu’ils n’ont pas le choix. C’est au moment où tu doutes de ce

La changement qui m’étonnait le plus était la notion du temps. Dans ce monde nautique, chaque tâche prenait un temps quantifiable. Réparer cette voile prenait deux heures, ranger le bateau et le nettoyer, trois heures. J’avais passé ma vie à chercher des raccourcis, désireux de faire plus en moins de temps. Je découvrai des tâches incompressibles,

J’adorais la voile, mais en évoluant hors de ma zone de confort, j’étais un débutant en tout. Certains jours, surtout tard le soir, je me surprenais à regretter la sensation d’être bon à quelque chose. Au bureau, j’avais un rôle d’expert. Mes histoires étaient appréciées, elles créaient de la valeur. En mer, je faisais partie de ce que Gérard quali

Moi, j’étais une fouine d’entreprise. Retours d'ascenseurs, trafic d’influence, rétention d’information, rétrocession de commission… Tout ceci était du commerce, je nageais dans mon élément. Je passais autant de temps à gérer mes magouilles qu’à faire mon travail.

Après le repas, je discutais avec Franz, curieux d’en savoir plus sur sa vie de montagnard. « Il me fallait sortir des villes, soupira t-il. J’avais envie de vivre autrement. Il est compliqué de désapprendre, d’abandonner ce qu’on attend de toi et de revenir aux fondamentaux. Redevenir un enfant.

Presque deux ans après notre petit-déjeuner à Los Angeles, les rôles se trouvaient inversés. De part et d’autre du canapé, nos zones d’ombres se faisaient face. Les hommes qui ne savaient pas exprimer leurs sentiments restaient silencieux.

« Le talent, ça n'existe pas. Le talent, c'est d'avoir envie de faire quelque chose. » - Jacques Brel

« Gamin, il faut qu’on parle... Il y a des marins qui se font sponsoriser Hugo Boss, toi c’est Decathlon ? Ça me fait mal, je t’ai pas élevé comme ça... T’es resté trop longtemps chez les Irlandais. C’est bien que tu partes, il faut que t’arrêtes de bouffer leur légumes à la vapeur, tu te ramollis… Et puis quoi encore, tu vas acheter des draps chez