La vingt-cinquaine (French Edition)

Un Anglais fait les choses parce qu'elles ont déjà été faites, un Américain parce qu'elles n'ont pas été faites. » - Mark Twain

Après le repas, je discutais avec Franz, curieux d’en savoir plus sur sa vie de montagnard. « Il me fallait sortir des villes, soupira t-il. J’avais envie de vivre autrement. Il est compliqué de désapprendre, d’abandonner ce qu’on attend de toi et de revenir aux fondamentaux. Redevenir un enfant.

Franz vivait une relation indéfinissable. Sa copine était une magnétiseuse très portée sur la spiritualité, ils étaient ensemble depuis huit ans. Tous deux se voyaient rarement, accaparés par leurs activités respectives. « On doit se voir quelques mois par an, des périodes pendant lesquelles on ne se quitte pas. Sinon, chacun fait sa vie ! » J’avai

Le Bonheur n'est vrai que quand il est partagé. » - Jon Krakauer

« Les gars, on s’est fait avoir. — Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte, l’Irlandais ? Thomas a trop picolé... — On se comporte comme des enfants. On travaille pour recevoir des récompenses de nos patrons. Une promotion par-ci, un bonus par là. On tourne en rond comme des hamsters dans leurs roues. — Bah, on sort juste de l’école, faut faire ses preuves

Trois mois de voile, encore un virage à cent-quatre-vingt degrés et une nouvelle identité. Autre langue, accent, géographie, tribu, activité, climat. Autres obligations et récompenses. Nouveaux espoirs et peurs. Goûter une vie. Pas en profondeur, mais ressentie. Je ne sais pas dire si cette vie est meilleure pour moi que les précédentes. L’avoir vé

Un collègue me prit par le bras et me dit «Ah, t’as bien de la chance de partir ! ». Cette phrase anodine toucha quelque chose en moi, elle réveilla quelque chose presque enterré mais affleurant. « De la chance. De la chance ? Tu crois vraiment ? Ma chance, c’est d’être en bonne santé, d’avoir grandi dans une chouette famille qui habite un pays ric

Franz, toi un enfant ? Je laissai échapper un petit rire. Tu es la personne la plus responsable que je connaisse ! — Justement, je me trouve trop responsable, trop prudent. Tu vois, les enfants sont authentiques, ils n’ont pas de filtres. Ils créent et jouent intuitivement. Devenir adulte, c’est enfiler un masque et adopter une identité acceptable.

On se plongea dans l’épais menu. Judith rythmait notre expérience, annonçant les plats du jour. Je me préparais à encaisser son monologue. Je souriais, l’œil vide, attendant que le flot d’informations cesse. Cette attitude m’avait aidé à survivre au catéchisme. Judith prit notre commande, nous assurant que tout viendrait vite.