Puisque, disais-je, la psychothérapie n’offrait pas de solution à mon problème, j’ai décidé de me guérir moi-même par la bibliothérapie, c’est-à-dire assimiler les idées des plus grands penseurs de tous les temps. J’ai donc entrepris de lire méthodiquement tout le corpus philosophique, depuis les présocratiques grecs jusqu’à Popper, Rawls et Quine.

Ce jeune type moqueur et irrévérencieux allait devenir l’homme aigri et colérique que nous connaissons, qui avait coutume de qualifier les hommes de « bipèdes » et partageait le point de vue de Thomas von Kempen : « Chaque fois que je me suis trouvé au milieu des hommes, j’en suis revenu moins homme9

Pour la première fois depuis longtemps, sans doute depuis l’arrivée de Philip au sein du groupe, il savait exactement ce qu’il faisait. Il avait fait ce qu’un bon psychothérapeute devrait toujours faire : il avait déplacé l’un des principaux problèmes de son patient vers le « ici-et-maintenant », où il pouvait être creusé directement. Il était touj

cet isolement est double : d’une part, la personne qui est très malade s’isole parce qu’elle ne veut pas faire subir aux autres son désespoir – et je puis vous assurer que c’est l’une de mes grandes préoccupations. D’autre part, les autres l’évitent, soit qu’ils ne sachent pas comment lui parler, soit qu’ils ne veuillent rien savoir de la mort.

Julius apprenait toujours à ses étudiants la différence entre révélation verticale et révélation horizontale. Comme prévu, le groupe poussait Gill vers une révélation verticale : les détails sur le passé, y compris les questions sur la nature et la durée de son alcoolisme. Alors que la révélation horizontale, c’est-à-dire la révélation sur la révél

Schopenhauer nous demande de vivre et de jouir de la vie maintenant, plutôt que de vivre dans l’espoir d’un avenir meilleur. Deux générations plus tard, Nietzsche allait reprendre cette injonction à son compte, voyant dans l’espoir notre plus grand malheur, mettant au pilori aussi bien Platon et Socrate que le christianisme, tous coupables de nous

Nous voulons, nous voulons, nous voulons, nous voulons. Pour chaque besoin qui affleure à la conscience, dix autres attendent, tapis dans l’ombre de l’inconscient. Nous sommes implacablement entraînés par la volonté car, une fois un besoin satisfait, il est vite remplacé par un autre besoin, puis encore un autre, et ainsi de suite pendant toute not

Mann ne révèle pas son nom dans le roman mais, quarante ans plus tard, il écrivit un superbe essai où il indiquait qu’Arthur Schopenhauer était cet auteur, avant de décrire quelle fut sa joie, à l’âge de trente-trois ans, de lire Schopenhauer pour la première fois. Il n’était pas seulement transporté par le style de Schopenhauer, qu’il décrit comme

C’était beaucoup plus que cela. Schopenhauer m’a appris que nous sommes condamnés à tourner éternellement sur la roue de la volonté : on désire quelque chose, on l’obtient, on en éprouve une brève satisfaction, puis on s’en lasse très vite, enfin on en revient inéluctablement au prochain “Je veux quelque chose.” On ne peut pas s’en tirer par le seu