La Condition ouvrière - Prépas scientifiques 2023 (French Edition)

Le travail nouveau est imposé tout d’un coup, sans préparation, sous la forme d’un ordre auquel il faut obéir immédiatement et sans réplique. Celui qui obéit ainsi ressent alors brutalement que son temps est sans cesse à la disposition d’autrui.

il est presque impossible de ne pas devenir indifférent et brutal comme le système dans lequel on est pris ; et réciproquement la brutalité du système est reflétée et rendue sensible par les gestes, les regards, les paroles de ceux qu’on a autour de soi. Après une journée ainsi passée, un ouvrier n’a qu’une plainte, plainte qui ne parvient pas aux

Après Taylor, il n’y a pas eu beaucoup d’innovations sensationnelles dans le sens de la rationalisation. Il y a eu d’abord le travail à la chaîne, inventé par Ford7, qui a supprimé dans une certaine mesure le travail aux pièces et à la prime, même dans ses usines. La chaîne, originellement, c’est simplement un procédé de manutention mécanique. Prat

Il ne suffit pas de vouloir leur éviter des souffrances, il faudrait vouloir leur joie.

On est là pour obéir et se taire. On est au monde pour obéir et se taire.

Le mal qu’il s’agit de guérir intéresse aussi toute la société. Nulle société ne peut être stable quand toute une catégorie de travailleurs travaille tous les jours, toute la journée, avec dégoût.

À mon sens, il faudrait d’abord à cet effet qu’il soit bien entendu entre le chef et les ouvriers que cet état de choses, dans lequel eux et tant d’autres comptent pour rien, ne peut être considéré comme normal ; que les choses ne sont pas acceptables telles qu’elles sont.

Évidemment on ne croit pas que tout va changer, mais on a confiance. On est sûr que les patrons céderont. On croit qu’il y aura un nouveau coup dur au bout de quelques mois, mais on est prêt. On se dit que, si certains patrons ferment leurs usines, l’État les reprendra. On ne se demande pas un instant s’il pourra les faire fonctionner aux condition

Pour moi, je connais quelque peu de l’intérieur, d’une part le mouvement ouvrier français, d’autre part les masses ouvrières de la région parisienne ; et j’ai acquis la conviction, fort triste pour moi, que non seulement la capacité révolutionnaire, mais plus généralement la capacité d’action de la classe ouvrière française est à peu près nulle. Je