
L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)

Si je n’étais pas parvenu à y écrire grand-chose, c’est qu’être heureux me prenait tout mon temps. D’ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Le voyage fournit des occasions de s’ébrouer mais pas — comme on le croyait — la liberté. Il fait plutôt éprouver une sorte de réduction ; privé de son cadre habituel, dépouillé de ses habitudes comme d’un volumineux emballage, le voyageur se trouve ramené à de plus humbles proportions. Plus ouvert aussi à la curiosité, à l’intuition, au coup de
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C’est que le nomadisme rend sensible aux saisons : on en dépend, on devient la saison même et chaque fois qu’elle tourne, c’est comme s’il fallait s’arracher d’un lieu où l’on a appris à vivre.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Qu’on puisse couvrir une page d’affilée lui paraissait prodigieux. À moi aussi. Depuis que la vie était devenue si divertissante j’avais le plus grand mal à me concentrer. Je prenais quelques notes, comptais sur ma mémoire et regardais autour de moi.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Le temps passe, la déportation devient une forme de voyage et même, grâce à cette faculté presque terrifiante qu’a la mémoire de transformer l’horreur en courage, un voyage dont on reparle volontiers. Toutes les manières de voir le monde sont bonnes, pourvu qu’on en revienne. Paradoxe bien mortifiant pour ses bourreaux d’autrefois : le séjour
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La mobilité sociale du voyageur lui rend l’objectivité plus facile. Ces excursions hors de notre banlieue nous permettaient, pour la première fois, de porter un jugement serein sur ce milieu dont il fallait s’éloigner pour distinguer les contours. Ses habitudes verbales, ses ridicules et son humour, sa douceur et — lorsqu’on avait montré patte
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À défaut de clients, les amis sortaient de terre sous nos pieds. Il y a en Serbie des trésors de générosité personnelle, et malgré tout ce qui y manque encore, il y fait chaud. La France peut bien être — comme les Serbes se plaisaient à nous le répéter — le cerveau de l’Europe, mais les Balkans en sont le cœur, dont on ne se servira jamais trop.