La fréquentation de l’école marque aussi l’entrée dans la vie sociale, la « vie réelle » avec ses découvertes : « l’ambition et le désespoir, les conflits avec soi et la conscience de soi, l’insatisfaction et le déchirement intérieur, les combats et les égards pour autrui, ainsi que le cycle infini des journées143 ».

La lecture des œuvres de Goethe est au centre du programme d’études de l’autodidacte. « Il est remarquable que mon apprentissage et mon jugement s’en sont trouvé facilités depuis que j’ai jeté mon dévolu sur Goethe et que j’ai ainsi acquis un certain point de vue pour juger361 », écrit-il à ses parents. Le jeune lecteur goûte chez le vieux maître

Il rappelle aussi qu’à ses yeux la raison des échecs précédents réside dans « son dégoût pour tout emploi », et qu’il semble vouloir « mener une vie de plaisirs, libre de tout lien », une existence qui est « un poison pour tout individu, notamment pour quelqu’un qui est encore à l’âge où il doit se préparer à la vie future317 ».

Hermann s’impose ainsi « une solitude presque complète, intellectuelle et spirituelle ». Il avoue que, par le passé, la déréliction dans laquelle il s’est enfermé l’a rendu « revêche et susceptible », mais a aussi produit en lui, « après une assez longue période matérialiste, de nouveaux idéaux ; et des idéaux entretenus dans la solitude procurent

« Ma prière quotidienne est que je puisse préserver mon propre univers intérieur, que je ne puisse pas m’atrophier, que le doux poison que je vois consommé par des milliers de gens ne puisse pas me ronger. » Pour

Dans un premier temps, le plongeon dans la littérature récente et les nouveautés, je peux même dire l’immersion, me procura un plaisir proche de l’ivresse. Mais évidemment, au bout d’un moment, je me rendis compte que, intellectuellement parlant, une vie dans le simple présent, la nouveauté, est insupportable et absurde, que seul le rapport

Ce qu’est un homme réellement vivant, on le sait, il est vrai, aujourd’hui moins que jamais, et l’on tue ses semblables – dont chacun est un essai précieux, unique de la nature – en masse.

Hermann ne manque pas d’être impressionné par son frère et de lier, même confusément, l’art à la rébellion. L’art serait-il le moyen de vivre ce qu’il ressent intérieurement et que les adultes avec leurs moyens de coercition l’empêchent d’exprimer ? D’autant que la pratique d’un art est compatible avec la solitude.