Contre-histoire du libéralisme (POCHES ESSAIS t. 416) (French Edition)

Après avoir conforté le pouvoir révolutionnaire, la préoccupation constante des États-Unis, où se sont réfugiés beaucoup d’ex-colons, est de le renverser, ou tout au moins de l’isoler par un cordon sanitaire. Il serait dangereux – observe Jefferson en 1799 – d’entretenir des relations commerciales avec Saint-Domingue : des « équipages noirs » finir

Quand, en 1826, l’abbé Grégoire voit en Haïti le « phare » qui guide les esclaves, il a clairement en tête la façon dont cette île a contribué à l’abolition de l’esclavage en Amérique latine.

La tradition libérale ultérieure tend à prolonger un peu la période heureuse de la Révolution française, et à fixer le moment du tournant lors de l’intervention tumultueuse des masses populaires, d’abord rurales puis urbaines. Tocqueville fait la même chose. Mais il est intéressant de remarquer que, lui aussi, du moins après 1848, exalte la période

C’est un paradoxe : « Comment expliquer que les cris de douleur les plus forts en faveur de la liberté, nous les entendions s’élever des chasseurs de nègres ? » se demande Samuel Johnson.

Si, dans l’analyse des relations que les trois révolutions libérales entretiennent, d’un côté, avec les Noirs, et, de l’autre, avec les Irlandais, les Indiens et les natifs, on part du présupposé d’un temps historique homogène, non traversé de fractures et coulant d’une façon unilinéaire, on se trompe. C’est chez Montaigne, nettement antérieur à Lo

Ce n’est qu’après la fin de la guerre de Sécession que les États-Unis acceptent d’établir des relations diplomatiques avec Haïti ; mais il s’agit d’un geste qui n’a rien de cordial et est au contraire compatible avec un projet de nettoyage ethnique. On n’a pas du tout abandonné l’idée, caressée aussi par Lincoln, de déporter les ex-esclaves hors de

pourquoi donc devrions-nous continuer à faire de John Locke le digne père du libéralisme ? Calhoun, certes, parle de l’esclavage des Noirs comme d’un « bien positif », mais, bien qu’il n’utilise pas un langage aussi choquant, le philosophe anglais, dont par ailleurs l’auteur américain se réclame explicitement, considère lui aussi que l’esclavage da

Quand, deux ans avant, commence le débat qui se conclura par la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, beaucoup d’interventions se réfèrent à l’exemple américain et à cette sorte de proclamation synthétique des droits de l’Homme que contient sa Déclaration d’indépendance. Dans sa tentative de s’opposer au processus de radicalisation de la

Il est désormais clair que c’est avant tout le problème de l’esclavage qui divise les auteurs cités jusqu’à présent.